Après quelques jours de deuil, le secrétariat général du PJD a repris ses activités. Bien entendu, le décès d’Abdellah Baha était au cœur de sa dernière réunion. La direction de la Lampe a adressé ses remerciements au roi Mohammed VI qui a envoyé trois messages de condoléances (à Abdelilah Benkirane, au parti et à la famille du défunt), aux acteurs politiques et de la société civile, toutes tendances confondues, et au peuple marocain qui ont exprimé leurs afflictions suite à la disparition tragique du défunt
Les islamistes du gouvernement ont abordé, ensuite, un sujet très sensible se rapportant aux nombreuses supputations diffusées sur les réseaux sociaux et même publiées dans certains médias, sur les circonstances de la mort du ministre d’Etat. Cette fièvre autour des circonstances du décès de Abdellah Baha a même touché une députée du PJD, la sahraouie Khadija Abladhi. Sur son compte Facebook, la PJDiste a raconté avoir rêvé, avant la levée du jour, que Baha lui aurait confié que sa mort ne résulterait pas d’un accident de train à Bouznika. Une théorie immédiatement réfutée par un autre député, Mohamed Yatime, un compagnon de route de Abdelilah Benkirane.
La direction rappelle à l’ordre les PJDistes
A ces «tirs amis», s’ajoute la publication par le journal Attajdid (porte-parole du MUR), dans son édition du mercredi 10 décembre, d’un entretien d’Abdellah Baha accordé en 2006 à la revue Al Forkane, un autre bras médiatique du PJD. Comme une sorte de prémonition, le défunt précisait que les partisans de la prévarication recourront à tous les moyens, y compris le meurtre, pour barrer la route aux réformateurs. L'exhumation de cette interview a suscité des interrogations sur le timing et la finalité.
La polémique qui enfle au sein même du PJD tombe au mauvais moment pour le parti. Au lendemain du décès, des ministres islamistes et un des fils du défunt avaient invité la presse à respecter le deuil de la famille en évitant de publier des conclusions hâtives et dénuées de tout fondement sur la mort de Abdellah Baha. Pour calmer les esprits, il a fallu une intervention ferme du secrétariat général du PJD. Une sorte de rappel à l’ordre adressée cette fois essentiellement aux «frères» et aux «sœurs» afin d’observer le silence et attendre les résultats de l’enquête.