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Grand Angle

Sahara : La fuite en avant d'un Front Polisario pris en étau

Après le discours du roi du Maroc, le Polisario a de nouveau menacé de recourir à la lutte armée. Cette position musclée cache en réalité une crise profonde au sein du mouvement indépendantiste. Avec une jeunesse marginalisée, des restrictions sur le commerce et la baisse des aides internationales, la population des camps de Tindouf vit une période difficile.

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Mohamed Abdelaziz, leader du Front Polisario / DR
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Le Polisario menace, une nouvelle fois, de reprendre les armes contre le Maroc. Cette fois, c’est Mohamed Salem Ould Salek, qui fait office de chef de la diplomatie, qui a assumé la déclaration depuis Alger. Le Front Polisario a-t-il cependant les moyens d’une telle aventure ?

L’affaire de la «fuite» de Mahjouba a montré le fossé de plus en plus profond, séparant désormais la direction de la jeunesse de Tindouf. La gronde chez les Sahraouis des camps va crescendo. Certains parce qu'ils sont écartés du pouvoir et des postes clés en raison de leur non-appartenance à la tribu des Rguibates-Fokra, dont est issue Mohamed Abdelaziz. D'autres parce qu'ils sont pourchassés par les milices du Front et l’armée algérienne lorsqu'ils s'essayent à la contrebande avec la Mauritanie. Certains ont même été tués par des militaires algériens, comme ce fut le cas pour les deux Sahraouis tombés, le 5 janvier dernier. Un double homicide resté, jusqu’au là, impuni.

La situation dans les camps s'aggrave

L’absence d’opportunités d’emploi dans «l’administration» et les restrictions au commerce profitent largement aux discours extrémistes. Nous avions ainsi publié sur Yabiladi, un article de l’inquiétude grandissante -même de la part d'un média proche du Polisario- quant à la promotion faite dans les mosquées d’enregistrements vidéo de Daesh.

La situation dans les camps s’aggrave. Avec la baisse des estimations de la population au sein des camps de Tindouf (90 000 au lieu de 160 000 comme avancé par le Polisario), les ONG et le HCR ont revu le volume des subventions et des aides en conséquence. Le refus de la part du Polisario et de l’Algérie de recenser les Sahraouis, en dépit de deux résolutions du Conseil de sécurité en 2013 et 2014, a contribué à cette révision.

Des Sahraouis en quête de naturalisation

Ce tarissement relatif des aides a coïncidé avec la crise économique en Europe. Comme le relate un témoin au journaliste Ignacio Cembrero, celle-ci a gravement impacté la situation des Sahraouis en Espagne qui ont réduit les transferts d’argents à leurs proches, restés dans les camps. La situation pour ces anciens privilégiés est tellement délicate, que certains, de plus en plus nombreux s’accrochent au rêve de la naturalisation espagnole. Ainsi, des avocats à Madrid sont de plus en plus nombreux à proposer leurs services de conseil juridique sur les forums et sites d’actualité aux intéressés.

C'est à travers ce contexte tendu qu'il faut comprendre les décalarations "va-t-en guerre" de dirigeants du Front Polisario. Des négociations sous l'égide de l'ONU qui s'enlisent, une impatience de la jeunesse du Polisario, une perte de crédibilité auprès d'une partie de la population des camps de Tindouf, prise en étau, la direction du mouvement indépendantiste tente une nouvelle fuite en avant. Et le fragile état de santé de Mohamed Abdelaziz, devenu une réelle préoccupation pour les cadres du Polisario, ne devrait pas contribuer à l'apaisement.

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