Aujourd’hui, les chiites marocains commémorent le meurtre d’Al Hussein, le petit-fils du prophète Mohammed, et de sa famille à Karbala (en Irak) par les forces du deuxième calife omeyyade Yazid (680-683).
Sauf coup de théatre, une grande maison au quartier Dredeb à Tanger, bastion des fidèles de la deuxième branche de l’islam, devrait accueillir l’événement qui verra la participation de quelques trois cents personnes, dont des MRE en provenance de Belgique et des Pays-Bas, indique un média local. Contrairement aux années précédentes, les autorités locales ont autorisé un tel rassemblement. Néanmoins, il n’y aura pas de défilé dans les rues de la capitale du Détroit d’hommes avec épées, couteaux et autres objets tranchants qui s’auto-flagellent, dans des moments de transe collective.
Les chiites ne sont plus l’ennemi à abattre
«Cette nouvelle approche du Maroc vis-à-vis des chiites est parfaitement en phase avec ce qui se passe au niveau international», déclare à Yabiladi Driss Ganbouri, spécialiste en mouvements islamistes. «Actuellement, ce sont les salafistes "takfiristes" de Daesh et des autres mouvements radicaux au Maghreb et au Sahel qui sont l’ennemi à abattre. La religion est mouvante, elle ne fait que suivre la politique», ajoute-t-il.
L’autorisation de la grande fête de Achoura à Tanger est la conséquence d’un nouvel ordre géostratégique mondial. Nous ne sommes plus dans celui qui prévalait depuis les années 80. Elle confirme, également, un timide rapprochement qui est en train de s’opérer entre l’Iran et des Etats arabes dont le Maroc.
Taire les critiques des Américains sur la "persécution" des minorités religieuses
Autre élément explicatif, chaque année, le rapport du département d’Etat américain sur la liberté religieuse dans le monde fait état de «contraintes» subies par les chiites dans l’exercice de leurs croyances religieuses. La commémoration de Achoura à Tanger est un bon point à l’actif du royaume par lequel il pourrait améliorer son classement dans les prochaines éditions du rapport.
Nous avons appris, également, que des Tangerois ont fait le déplacement en Iran, au vu et au su des autorités, pour la commémoration de Achoura. Un autre indicateur qui corrobore les propos de Driss Ganbouri. Par le passé les chiites marocains évitaient même de déclarer publiquement leur appartenance à la deuxième branche de l’islam.