Maroc : "La peur d’Ebola pourrait se traduire en actes racistes contre des Subsahariens"

Au douar Labyout de la commune Taghramt, tout prêt de la frontière avec Ceuta, la population locale est de plus en plus hostile à la présence de candidats à l’immigration d'origine subsaharenne. «Malheureusement, il y a de forte chances que nous vivions un scénario simlaire à celui des incidents de Boukhalef à Tanger, survenus le 30 août dernier. La violence verbale contre les Subsahariens, environ 300 à 500 personnes, qui entrent quotidiennement au douar pour acheter des bouteilles d’eau et d’autres produits de consommation, a atteint des proportions alarmantes», nous confie Mohamed Benaissa, le président de l’Observatoire du nord des droits de l’Homme.

La cause de cette tension est la peur de la maladie d’Ebola. «Les habitants craignent que les Subsahariens soient porteurs du virus et du coup les contaminer», explique-t-il. «L’absence de campagne du ministère de la Santé pour le dépistage des cas précoces suspects est un autre facteur qui alimente la peur», déplore-t-il. Et d’ajouter que «la commune de Taghramt, relevant de la préfecture Fahs Anjra, connait une affluence massive de candidats à l’immigration qui traversent, parfois à pied, des pays touchés par Ebola ou qui en sont originaires».

Un député marocain propose de mettre en quarantaine les Subsahariens

Il n’y pas que le département de Louardi qui est pointé du doigt par les habitants, les gendarmes et les mokhaznis sont logés à la même enseigne. «En cas de confrontation  directe, aucun corps des forces de l’ordre ne pourrait intervenir pour rétablir le calme parce qu’ils n’ont aucun centre au douar Labyout», assure Mohamed Benaissa, le président de l’ONERDH.

Par ailleurs, le 21 octobre, le ministre de la Santé affirmait qu’aucun ressortissant subsahariens résidant au Maroc n’est atteint d’Ebola. Des propos qui peinent à rassurer une partie des Marocains. Mardi à la Chambre des représentants, un député a même proposé de mettre en quarantaine les Africains qui entrent au Maroc pendant 30 à 40 jours, arguant qu’en période d’incubation le virus d’Ebola échappe aux thermomètres laser. Une mesure qui est en vigueur, depuis la semaine dernière, aux Etats-Unis.