Nicolas Sarkozy, président de la république française a menacé vendredi dernier, de prendre des mesures visant à déchoir de la nationalité française toute personne d'origine étrangère, qui porterait atteinte à la vie d'un agent de l’ordre (policier, gendarme) ou de tout autre représentant de l'autorité publique. Plus tard, c’est son ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux qui a enfoncé le clou, affirmant que des faits de délinquances devraient aussi entrainer la perte de la nationalité française.
La nationalité belge «se mérite»
Nicolas Sarkozy a-t-il alors donné des idées à Jacqueline Galant? La parlementaire du MR a assuré que non. Elle se serait plutôt inspirée d'une initiative de la Nouvelle alliance flamande (N-VA), qui prône une régionalisation des questions migratoires. Cependant, la vraie raison de sa prise de position serait selon elle, parce que la nationalité est accordée trop facilement, alors qu’elle doit se mériter et «ne se brade pas». Pour Galant, la gauche serait responsable de cet octroi «trop facile» de la nationalité. Avec sa majorité au sein de la commission des naturalisations de la Chambre des Représentants, la gauche serait capable d'outre-passer les autres instances responsables en matière de naturalisations, notamment le parquet.
C’est donc en tant que membre de cette commission des naturalisations qu'elle a pris position dans un entretien accordé au journal Le Soir. Elle y affirme avoir agi en «réaction à la politique laxiste menée jusqu’ici» dans son pays. «Malheureusement, chez nous, on n’ose jamais en parler de peur de se faire traiter d’extrémiste. En étant membre de la commission des naturalisations, j’ai vu passer des choses incroyables», a-t-elle dit.
Réactions d’indignation
Jacqueline Galant a préconisé que «toute personne qui demande la nationalité belge doit être un citoyen exemplaire». N’est pas citoyen exemplaire, toute personne qui a commis «un vol à l’étalage» ou des «infractions mineures». Si sa proposition ne fait pas l’unanimité au sein du MR, elle ne le fait pas non plus dans sa commission des naturalisations.
Karine Lalieux, députée fédérale socialiste, également membre de la commission, s’est empressée de répondre à sa consœur. Sur son site internet, la parlementaire socialiste a déclaré être contre les propos «populistes» de Mme Galant. Cette dernière a admis que des personnes ont été naturalisées alors qu’elles ne disposaient pas d’assurance et qu’elles conduisaient sans permis. Des allégations réfutées par Karine Lalieux.
Une copie venue de France ?
Les propositions de Mme Galant ont suscité aussi une levée de boucliers d’autres formations politiques. Vanessa Matz, la secrétaire politique du Centre démocrate humaniste (CdH) a dit être «étonnée» par ce qu’elle a qualifié de sortie «copie conforme de ce qu'on a entendu en France». Et pour cause ? «Les conditions – obtention de la nationalité – ont été assouplies en 2001 par un gouvernement dans lequel le MR se trouvait», avant d'être durcies à nouveau sous la dernière majorité, a-t-elle signalé. Pour Eric Jadot, député Ecolo de Liège et membre de la même commission des naturalisations, «la nationalité belge se mérite déjà et elle est assujettie à une procédure lourde et difficile pour le demandeur».
De même, des organisations comme le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (MRAX) et le Centre pour l'égalité des chances, sont montées au créneau. Le président du MRAX, Radouane Bouhlal, a confié à l’agence de presse Belga, que la proposition était «totalement démagogique», et allait «à l’encontre du principe d’égalité entre les citoyens et ne serait jamais approuvée par le Conseil d’Etat». A son tour, il a évoqué une «copie de ce qu’a proposé Sarkozy». Le MRAX, avec le soutien des autres partis politiques, est prêt à saisir le Conseil d’Etat, en cas de dépôt de la proposition à l’automne prochain.
Le Centre pour l'égalité des chances a temporisé, en plaidant dans un communiqué, pour que la décision de concéder la nationalité soit attribuée à un tribunal plutôt qu'aux parlementaires.