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Grand Angle

« Le roi au Maroc a un rôle d’arbitre » selon Abdelilah Benkirane à un quotidien saoudien

Opération séduction de l'Arabie saoudite de Abdelilah Benkirane dans une interview avec Achark Awsat. Il en a profité pour réviser sa position sur le coup d’Etat en Egypte qui a mis un terme à la présidence de Morsi, annoncer aux Marocains que le roi a juste un «rôle d’arbitre» entre les acteurs politiques, et enfin rassurer sa base sur la popularité du PJD, 

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Abdelilah Benkirane / Archive - DR
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Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien saoudien Achark Awsat publie un entretien du chef du gouvernement. C’est le deuxième du genre en à peine un an, la première fois remontait à fin octobre 2013. Une interview, rappelons-le, qui avait scellé la réconciliation entre Abdelilah Benkirane et les autorités de Ryad après une période de brouille suite à la destitution du président Mohamed Morsi des Frères musulmans.

«Le roi à un rôle d’arbitre»

Le PJDiste a précisé à Achark Awsat que la monarchie au Maroc à ses «propres spécificités», expliquant que pour les Marocains elle n’est pas uniquement «un régime politique (…) mais une garantie». Et d’ajouter que le roi Mohammed VI à un «rôle d’arbitre» entre les acteurs politiques. Cette fonction d'arbitrage ne date pas d'hier mais elle est ancrée dans l’Histoire du pays, elle a toujours opérée «même durant les années de plomb», a-t-il surenchéri.

Ces propos de Benkirane tranchent complétement avec de précédentes déclarations, publiées le 12 août dernier par le quotidien Akhbar Al Yaoum. Il avait alors assuré que le «roi gouverne. Constitutionnellement, il est le chef de l’Etat, préside le conseil des ministres et le gouvernement avec son président (…) et je ne vais mentir là-dessus aux Marocains».

«Aucune crainte sur la popularité du PJD»

Benkirane a saisi l’entretien accordé au journal saoudien, pour lancer des messages à l’adresse de sa base, de plus en plus inquiète des conséquences négatives de la politique économique menée par l’exécutif, sur la popularité du PJD.

Le chef du gouvernement a tenté de dissiper ces craintes, soulignant que les réformes ont un coût politique, il en a d’ailleurs conscient mais pas au point de «se suicider, moi et mon parti. C’est insensé». Le PJD «est un outil, parmi d’autres, de la réforme. Sa préservation est une garantie pour la poursuite des réformes, du coup il est nécessaire de trouver un équilibre», a-t-il martelé. Le secrétaire général du PJD s’est dit, par ailleurs, très satisfait des sondages qui prédisent à son parti 50% d’opinions favorables.

Force est de constater que Benkirane a mis beaucoup d'eau dans son "verre de thé". Il prend ainsi le contre-pied de ses positions pourtant maintes fois exprimées à l’occasion de meeting politiques, sur sa détermination à sacrifier la popularité du parti de la Lampe sur l’autel de la réalisation des réformes. 

La politique étrangère, un domaine royal

Le journaliste du quotidien saoudien Achark Awsat a voulu savoir si Benkirane adopte toujours la même position vis-à-vis des nouvelles autorités en Egypte. Benkirane a expliqué qu’au Maroc la politique étrangère est un domaine exclusivement royal. En d’autres termes, le PJD est tenu de se conformer aux orientations du Palais.

Là aussi, le chef du gouvernement a vite oublié ses messages de soutien au président Morsi. Il n’avait pas hésité, à l’occasion d’un meeting de sa jeunesse tenu l’été 2013 à Casablanca, d’arborer fièrement devant les photographes, une main au pouce replié et quatre doigts levés, symbole de la Place Rabaâ au Caire, le point de chute des membres des Frères musulmans hostiles à la destitution de Mohamed Morsi.

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