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Grand Angle

Affaire des évadés de Bruges : Quand des médias belges ont failli égratigner la justice marocaine

Arrêtés au mois d'août 2009, Ashraf Sekkaki et Mohammed Johri sont actuellement détenus au Maroc en attendant leur procès qui doit (officiellement) se tenir en septembre prochain. Étonnant donc, que certains médias belges aient annoncé ce mercredi dans la soirée, la condamnation des deux évadés à des peines de 30 ans, par la justice marocaine, avant de se rétracter. Explications...

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Sekkaki à gauche, Johri à droite
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Sekkaki et Johri, citoyens marocains, s'étaient enfui de la prison de Bruges le 23 juillet 2009, et avaient regagné le Maroc où ils espéraient se réfugier. Après quelques jours de cavale, Mohammed Johri avait été arrêté par la police marocaine le 5 août 2009, et Ashraf Sekkaki, le 9 du même mois.

Depuis leur arrestation, les deux fugitifs, sont emprisonnés au Maroc, où ils attendent d'être jugés, ne pouvant être extradés, à cause de leur nationalité marocaine. Il leur est entre autres, reproché des attaques contre des banques en Belgique, la détention illégale d'armes, sans oublier leur évasion.

Alors que le procès est donc normalement prévu pour le mois de septembre, c'est d'abord la chaîne de télévision belge néerlandophone VTM, qui dans la soirée, annonce lors de son journal télévisé, que Sekkaki et son complice ont été condamnés à des peines de 30 ans chacun. Aussitôt, le site Rtlinfo.be reprend l'information.

Chose surprenante, c'est la précision des détails dans une information pourtant erronée. Il ne manque rien, le site va même jusqu'à avoir une déclaration de l'avocat de Sekkaki, Me Sven Mary : «j'ai encore eu des contacts avec Ashraf Sekkaki il y a une dizaine de jours(...) Nous avions alors convenu de préparer le procès en septembre (...)». D'après le site, Me Sven Mary n'aurait pas été tenu informé du procès, et ce serait un avocat local qui aurait défendu Sekkaki et Johri. Poussant les détails, Rtlinfo.be annonce même que Sekkaki aurait décidé de faire appel, et aurait entamé une grève de la faim.

Dans une fiction où la procédure judiciaire marocaine a été littéralement présentée comme un véritable bourreau, Me Mary aurait même déclaré «Apparemment, le jugement a été rendu à 3 heures du matin. J'ignorais que la justice marocaine fonctionnait également de nuit ».

C'est finalement en toute fin de soirée qu'un démenti est publié sur le même site. Joint par téléphone, Sekkaki aurait lui-même nié sa condamnation imaginée. Selon Rtlinfo.be, l'information publiée par VTM avait été tirée de la presse marocaine, du quotidien Assabah en l'occurence.

Diffuser une information d'abord, puis la vérifier ensuite, c'est le coup de maître que viennent de réussir des médias belges pourtant sérieux, risquant au passage la réputation du Maroc en terme de procédure judiciaire.

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