Human Rights Watch a publié, samedi 18 octobre, un rapport sur les conditions de vie de la population des camps de Tindouf. C’est un travail de terrain effectué par des chercheurs de l’ONG américaine qui se sont rendus dans la partie du Sahara «sous contrôle» du Polisario et pu s’entretenir avec «40 réfugiés dans les camps et 12 réfugiés à l’extérieur de ceux-ci, ainsi qu’avec des responsables du Polisario et des étrangers travaillant pour des agences de l’ONU et pour des organisations non gouvernementales», lit-on dans le document.
«Les sahraouis des camps sont libres de circuler»
Prenant le contre-pied de la version défendue par le Maroc et ses médias, le document assure, d’emblée, que les sahraouis sont totalement libres de se déplacer en dehors des camps. «Dans ses entretiens avec une douzaine de sahraouis, Human Rights Watch n'a pu tomber sur des preuves attestant que le Polisario ou les autorités algériennes imposent des restrictions significatives ou arbitraires aux réfugiés sahraouis qui voyagent des camps de Tindouf vers la Mauritanie ou le Sahara occidental».
Plus loin vers la page 34 du rapport, l’ONG relève que les conducteurs des camions et des véhicules doivent au préalable obtenir l’autorisation du Polisario avant d’effectuer des déplacements en dehors des camps. Sur la même page, des voyageurs rapportent l’existence de plusieurs checkpoints : deux à la sortie des camps, le premier est tenu par le Polisario alors que le deuxième relève de l’autorité de l’armée algérienne. Il y a également un autre point de contrôle de la douane algérienne. Les checkpoints sont également implanté à l’intérieur des camps.
«Aucun sahraoui n’est contre l’indépendance»
Très catégorique, HRW affirme dans un premier temps, qu’ "à l’exception de Mustapha Salma, aucun sahraoui des camps, y compris même au sein de ceux qui ont rallié le Maroc, n’est contre l’option de l’indépendance de la province". Une assertion suivie immédiatement par une pirouette.
L’ONG se rétracte et avance qu’elle n’a pu prendre la mesure de l’adhésion des habitants de Tindouf à l’option de l’autonomie ou à l’intégration du Maroc. HRW explique, citant des témoignages, que des sahraouis craignant les conséquences de la stigmatisation et le rejet social évitent d’exprimer des doutes sur la thèse défendue par les amis de Mohamed Abdelaziz. Cependant, un journaliste local déclare à HRW que la direction du Polisario écarte des médias qui lui sont inféodés toute voix défavorable à l’indépendance.
Des cas de tortures et de séquestration
Vers la fin du rapport, HRW cite les déclarations de sahraouis détenus et torturés par les milices du Polisario. C'est le cas de Mohamed Lebih Al-Mahjoub Ahmed Mahmoud Lemhidi, condamné à deux ans de prison par un tribunal militaire ou de Brahim Mohamed Said Rabah, arrêté en mars 2012 pour trafic de drogue, la même cour militaire a confirmé les charges contre lui et prononcé un verdict de 18 mois de prison.
Mais c’est le cas de Mahjouba Mohamed Hamdida, une jeune espagnole d’origine sahraouie, qui a accaparé l’attention de l’ONG américaine. Et pour cause, sa famille d’accueil en Espagne mène une campagne pour le retour de leur fille adoptive, séquestrée depuis juin dernier par sa famille biologique. La mobilisation internationale en faveur de ce cas, a contraint la direction du Polisario de reconnaitre, comme rapporte HRW, qu’elle tente de «persuader» la famille de libérer Mahjouba.