Menu

Grand Angle

Maroc : Pour avoir critiqué la suspension de la coopération judicaire avec la France un juge est suspendu à vie

Il ne fait pas bon pour les juges marocains de critiquer les décisions du ministère de la Justice. Mohamed Anbar l’a appris à ses dépens. Il vient d’être radié à vie pour avoir, ouvertement, exprimé son désaccord avec la suspension de la coopération judiciaire avec la France, décrétée Mustapha Ramid, dans le sillage de l’affaire Hammouchi.

Publié
Mohamed Anbar/DR
Temps de lecture: 2'

Après plus de deux ans de bras de fer entre le ministre de la Justice et le juge Mohamed Anbar, le PJDiste a eu, finalement, gain de cause. Mustapha Ramid a suspendu définitivement l’ancien président de Chambre près la cour de cassation du corps de la magistrature. Celui qui menait la fronde au sein du Club des magistrats contre la politique du ministre est, ainsi, mis à la retraite.

Une rencontre avec un magistrat français à l’origine de la radiation

Le département de Ramid a attribué, hier dans un communiqué, les raisons de cette mesure au refus de Anbar d’exécuter l’ordre de sa mutation, émanant du conseil supérieur de la magistrature, en 2011. Il avait alors été nommé procureur du roi près le tribunal de première instance de Bejaâd mais avait refusé de prendre ce poste.

Ensuite, la même source, affirme que l’intéressé a également rejeté son affectation à la cour d’appel de Rabat. Le ministère ajoute ensuite que lors de sa session, de mai dernier, le conseil supérieur de la magistrature a décidé de le radier à vie, conformément à l’article 13 du statut fondamental des juges qui leur interdit de se prononcer sur des questions politiques.

Pourquoi attendre trois ans pour sévir ?

Toutefois une question se pose. Pourquoi les membres du conseil supérieur de la magistrature ont attendu trois ans pour enfin suspendre, le 20 mai 2014, Mohamed Anbar ? Le timing de la mesure disciplinaire n’est assurément pas fortuit. En effet, deux semaines plus tôt, exactement le 6 mai, le vice-président du Club des magistrats prenait part, à une réunion consacrée à «la réforme de la justice au royaume»,  organisée, au siège de l’ambassade française, par le juge de liaison.

Au cours de cette rencontre Anbar s’était montré très critique vis-à-vis de la suspension de la coopération judicaire avec la France, décrétée unilatéralement, le 26 février dernier, par le département de Ramid, dans le sillage de l’affaire Hammouchi. Cette position a précipité la chute du juge marocain. Chose que le magistrat radié à vie a, d’ailleurs, lui-même confirmé lors d’un point de presse tenue le 24 septembre à Rabat.

Un autre magistrat, Mohamed El Hini, est, également, dans le viseur de Mustapha Ramid. Il pourrait subir le même sort réservé à Anbar.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com