Les rifains du PAM mettent la pression sur Mustapha Bakkoury. Sans attendre une réaction officielle de leur secrétaire général ou du bureau politique, les voilà qui mènent une campagne contre l’avant-projet du découpage du Maroc en 12 régions, élaboré en 2011 par l’ancienne Commission consultative de régionalisation et que le ministère de l’Intérieur a distribué aux partis politiques.
Le rêve d'un grand Rif
Réunis le samedi 27 septembre à Ksar El Kébir, les PAMistes du nord ont rejeté la copie des services de Mohamed Hassad. Une source présente au meeting nous confie que «ce point ne figurait pas au menu de la réunion. Il a été ajouté, à la dernière minute, sous l’impulsion de quelques figures du parti du Tracteur, originaires du Rif». Mohamed Boudera, à la fois député et président de la région Taza-Al Hoceima-Taounate, a pris d’ailleurs la tête de l’opposition.
A la veille de la rencontre, il s’est prononcé, dans des déclarations au quotidien Sahifat Annass, pour un Rif qui s’étend sur tout le littoral méditerranéen : de Tanger à Saïdia, qualifiant tout cet espace géographique de «Rif historique». C’est plus que les terres, autrefois, sous l’autorité de la république de Mohamed Abdelkrim El Khattabi entre le 1er février 1921 et 27 mai 1927. Par ailleurs, Boudera a considéré que l’adoption de l’avant-projet porterait un grave préjudice à la réconciliation avec le Rif, alertant, au passage d’une «Intifada» de la population.
Le réel débat est occulté
Finalement, après quelques tractations en coulisses ponctuées par de nombreuses communications téléphoniques, les PAMistes ont laissé tomber cette revendication pour se contenter d’un Rif révisé qui devrait réunir les régions Tanger-Tétouan à celle d’Al Hoceima. Un territoire où le PAM jouit d’une certaine influence politique, héritée du temps de Fouad Ali El Himma. Par ailleurs, le silence de la direction du PAM montre qu’elle souhaite se distancier d'une telle initiative prise sans sa bénédiction et sans qu’elle en soit avisée au préalable. D'autant plus que ce genre de demande risquerait de faire tâche d’huile au Sahara, territoire découpé en trois régions.
La polémique sur l’étendue territoriale des régions n’a pour seul objectif que d’occulter le réel débat sur les prérogatives des chefs et des membres de conseils de ces grandes circonscriptions. Seront-ils élus au suffrage universel direct ? Seront-ils indépendants de la tutelle des walis et gouverneurs ? Et auront-ils assez de pouvoir pour élaborer et exécuter des politiques de développement local sans qu’ils ne soient contraints d’attendre l’aval de Rabat ?