Les "Ferrachas" (vendeurs à la sauvette) projettent de battre le pavé le 12 octobre dans toutes les villes du Maroc. Un mouvement -le premier du genre mené par cette catégorie socio-professionnelle- pour dénoncer la «répression» qu’ils subissent de la part des forces de l’ordre. L’annonce des marches est d’ailleurs la principale résolution de la réunion, tenue le week-end dernier à Béni Mellal, sous le thème très évocateur de : «ô Ferrachas du Maroc, unissez-vous». Des acteurs associatifs y ont également pris part.
Fin de la lune de miel
Profitant de la vague du Printemps arabe, le phénomène de ces marchands a connu son heure de gloire. Tirant les leçons de l’affaire Bouazizi en Tunisie, les autorités marocaines ont complètement fermé les yeux sur l'accroissement de ce phénomène, et ce, en dépit des vives protestations des riverains, des automobilistes et des autres vendeurs légalement installés dans leurs boutiques et qui paient des taxes.
Après trois ans de tolérance, c’est donc le retour à la case départ. Profitant de la lutte contre la montée de l’insécurité au Maroc, les forces de l’ordre ont commencé une opération coup de poing contre les vendeurs à la sauvette avec à la clé des arrestations de quelques heures et la saisie de toutes les marchandises. Ces rafles se sont répétées plusieurs fois, tout au long des deniers mois à l’exception du Ramadan.
Une journée nationale de la colère, le 13 septembre de chaque année
Une véritable guerre d’usure qui a contraint de nombreux "Ferrachas" à arrêter leur commerce en attendant des jours meilleurs ou louer des boutiques, tandis que d’autres ont investi leurs économies dans l’achat de véhicules ou de triporteurs. Des moyens qui leur permettent d’exercer l’activité mais cette fois sur un terrain plus large.
Les participants à la réunion de Béni Mellal ont, par ailleurs, convenu de faire du 13 septembre de chaque année, une journée nationale de la colère des "Ferrachas". A l’issue de deux jours de débat, les vendeurs ont réussi à mettre en place une commission de coordination composée de huit membres. Elle aura pour mission de programmer et gérer toutes les formes de protestations.