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Grand Angle

Pétrole : L'ONHYM calme les ardeurs de la presse marocaine

Nous l'avons annoncé mardi 2 septembre, le Maroc a produit son premier baril de pétrole à partir de schistes bitumineux. C'est la société San Leon Energy qui a fait l’annonce, non pas d'une découverte de pétrole, mais de la réussite du procédé pour extraire et transformer le kérogène contenu dans la roche pour en faire du pétrole exploitable. Si les résultats sont encourageants, la production semble encore à un stade précoce pour de nombreuses raisons. Explications.

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Une partie de la presse s’est emballée depuis mardi suite à l’annonce de la production du premier baril de pétrole à partir de schistes bitumineux par la société San Leon Energy dans le permis de Timadiht. Certains médias ont même titré "Premier baril de pétrole marocain", ce qui est évidemment faux puisque le Maroc produit du pétrole en quantité très limitée depuis de nombreuses années déjà. 

Mercredi, l’Office national des hydrocarbures et des mines a même réagi sur son site à l’annonce de San Leon Energy au sujet de cette production de pétrole à partir de schistes bitumineux dans le permis de Timadiht. Et à voir la réaction de l’office, l’on comprend que la production de pétrole au Maroc se heurte encore à plusieurs obstacles. En effet, les tests effectués pour la pyrolyse du kérogène ont donné des résultats encourageants, mais «sont considérés comme des essais d’orientation et nécessitent d’être complétés par d’autres séries de tests sur la même installation pour optimiser les résultats», explique l’ONHYM.

Une pyrolyse coûteuse

Selon l’office, «des essais au niveau des installations pilotes de centaines de kg/h doivent également être effectués avant de se prononcer sur la capacité du procédé Enefit (société estonienne), proposé par San Leon, à traiter les schistes bitumineux de Timahdit». En outre, l’ONHYM souligne que «même si les résultats technologiques au niveau des installations pilotes seraient positifs, le passage à la production devrait être précédé d’une phase très importante et longue», où les études de faisabilité technico-économique et environnementale seront réalisées.

En effet, Enefit exploite déjà du schiste bitumineux qui est utilisé abondemment en Estonie pour les centrales, la chimie, le chauffage… Pour obtenir du pétrole à partir du schiste bitumeux, elle utilise la technique de la pyrolyse qui consiste à réaliser une réaction chimique de décomposition d’un corps organique sous l’action de la chaleur et sans autres réactifs. Cette technique permet ainsi d’obtenir d'autres produits tels que les gaz et les matières qui ne se trouvaient pas dans le corps organique. Mais le facteur coût est déterminant dans cette exploitation des schistes bitumineux. S'il n'est pas maitrisé, tout peut être remis en cause.

Risque environnemental

En plus, une pyrolyse nécessite beaucoup d’eau, une ressource dont le Maroc -pays en situation de stress hydrique- a besoin pour soutenir son agriculture et assurer l’alimentation de la population. Cette dernière question pourrait constituer une grande menace pour l’équilibre de l’environnement. Plusieurs spécialistes et écologistes tentent d'alerter l'opinion marocaine sur les effets néfastes de la production de pétrole à partir des schistes bitumineux de Timahdit.

Pour toutes ces raisons, l’office semble adopter la méthode de la retenue. D'autant plus que par le passé, des compagnies ont fait état de découverte de pétrole ou de gaz avant de faire machine arrière. Nombreux sont les exemples qui rappellent un mauvais souvenir au Maroc. «Quel que soit le degré d’avancement technologique du procédé mis en œuvre, le passage au stade industriel n’aura lieu qu’au-delà de 5 ans et reste toujours à capacité limitée, de l’ordre de dix mille barils/jour», précise l’ONHYM. Voila qui mérite d’être clair.

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