Comme chaque année, les producteurs de mirabelles en Champagne et en Lorraine font appel à des saisonniers pendant la saison des cueillettes. Mais cette-fois, l’aventure laissera un goût amer à une quarantaine de ressortissants marocains. Ces derniers qui résident habituellement en Espagne viennent d’être victimes des manigances de l’un de leur compatriote. Alors qu’ils ont été contactés pour la cueillette des mirabelles en Lorraine dans le nord de la France, ils ont été arnaqués par leur patron, un certain Youssef qui a disparu dans la nature.
«On est arrivé mardi pour trois à quatre semaines de travail, on a rencontré celui qui nous a proposé de venir, il nous a dit qu’on logerait à la base de plein air de Saint-Mihiel», explique l’un d’eux à Est Républicain. Ces saisonniers ont travaillé la journée de jeudi sans contrat et sans recevoir leur dû, indique Loractu. Ils ont été abandonnés en pleine nuit vendredi sur leur lieu de travail par leur responsable alors que ce dernier leur avait promis deux à trois semaines de travail pour la récolte des mirabelles, qui doit s’achever à la fin du mois d’août, et aussi un contrat.
Ils sont venus «en voiture du Maroc il y a quelques jours» pour rejoindre une exploitation agricole de Saint Mihiel, un village de 4 500 âmes. Mais, actuellement, ils vivent dans des conditions difficiles. «Ils n'ont pas d'argent, la situation est assez dramatique. En attendant de trouver une solution, ils sont logés sur une base de plein air et bénéficient d'une aide alimentaire d'urgence», a expliqué à l'AFP la mairie de Saint-Mihiel. Cette dernière a pris la situation en main en mettant en place ce dispositif pour les soutenir.
Le patron recherché par la gendarmerie
Youssef, celui à l’origine de l’arrivée des ces marocains, reste encore introuvable. Les cueilleurs ont multiplié les appels au téléphone en vain. Ils ont déposé une plainte lundi contre leur «patron» qui est actuellement recherché par la gendarmerie de Saint Mihiel. Ils veulent être payés pour leur journée. «On veut aussi qu’il nous paye les frais de transport pour rentrer, on a fait plus de 2 000 km en voiture. On a laissé nos familles pour venir travailler ici», réclament-ils.
Le gérant de la base a lui réussi à avoir Youssef au téléphone samedi. «Il m’a dit : ’’fous les dehors’’», a-t-il expliqué, ajoutant qu’il va aussi déposer une plainte. Le responsable a fini par faire une proposition aux saisonniers. «Il nous a appelés pour nous proposer 125 euros par voiture pour le retour, on a refusé. C’était juste pour qu’on retire notre plainte», expliquent les victimes marocaines.
La situation reste en tout cas confuse et les prochains jours risquent d’être compliqués pour ces saisonniers. Pourtant, toutes les conditions étaient réunies pour que cela aille comme prévu. En Lorraine, région qui assure environ 80% de la production mondiale, plus de 1 000 hectares de mirabelliers emploient à l'année 3 000 personnes et entre 1 500 et 2 000 saisonniers, indique RTL. Les producteurs tablent sur 10 000 tonnes de fruit cette année, presque deux fois plus que la récolte de 2013.