Continuons. Selon un rapport du CMDH l’immeuble qui était auparavant un R+1 est devenu au fil des années un R+5 et le propriétaire, féru de refaire la décoration, a enlevé une poutre. Juste après un clown-prédicateur nommé Ennahari attribue la cause de ce désastre au manquement à l’appel du muezzin, tout ceci avec un sourire nauséabond au visage.
Cerise sur le gâteau : Dans l’énième épisode de la série «cherchons le bouc-émissaire», le premier responsable arrêté s’est avéré être… un maçon. Le voilà votre criminel, qui est accessoirement le maillon le plus faible de la chaîne. Gobez-ça et fermez-là pour de bon.
Dans un pays qui se respecte, tout un tabac aurait éclaté pour ce scénario ubuesque. Mais ici, tout n’est qu’un autre épisode dans une autre série : «le marocain est-il une merde ?». Preuve dans ce qui suit.
Une année auparavant, un pédophile en série a été gracié. Des citoyens sont sortis manifester, ils ont goûté à la matraque. Le ministre de l’intérieur est dès lors sorti déclarer ne pas être au courant de cette répression sauvage et ordonne l’ouverture d’une enquête. Depuis lors, avez-vous entendu parler de cette enquête ? Non. Ce qu’on a fait, c’est qu’on a accusé un des journalistes ayant suivi l’affaire d’apologie au terrorisme. Son procès ? Toujours en attente… À quoi bon sert une merde, si ce n’est qu’à être écrasé ?
Merde imposable
Dans quelques jours, on assistera une année de plus à la cérémonie des invertébrés. Un florilège de baisemain et de prosternation bien ancré dans notre patrimoine pour fêter ce qu’on dénomme «la fête du trône». À quoi bon sert une merde, si ce n’est à se prosterner ?
Ajoutez à cela que le Maroc est l’un des pays les plus taxés au niveau mondial. Qui dit taxes, dit qualité du service public. Au-delà du service de la protection civile, peut-on compter les exactions commises par la police à l’égard des Marocains ? Peut-on compter les médiocres fonctionnaires assis dans les bureaux des administrations exigeant des pots-de-vin à tort et à travers ? Peut-on compter l’argent dilapidé dans un «Maroc Vert», une INDH ou un énième plan de sauvetage de l’enseignement sans réel impact ? Cela ne vous suffit pas ? Payez plus pour l’essence, payez plus pour vos denrées et payez pour vous inscrire aux capharnaüms qu’on appelle universités. À quoi bon sert une merde, si ce n’est à donner son argent aux corrompus ?
Le Marocain en équation
Vous avez une femme enceinte ? Emmenez-là dans un hôpital public et vous avez de bonnes chances qu’elle accouche à ses portes. Si vous habitez une zone rurale désenclavée, priez pour qu’elle ne meurt pas avec sa progéniture. Si tout se passe bien, elle sera entassée comme une sardine dans un hôpital du royaume chérifien. Une opération ? Payez avant que le bistouri ne touche votre peau et priez pour sortir vivant après être passé sur le billard. Depuis quand une merde se soigne-t-elle ?
Terminons ceci avec le sport national du Marocain : le dénigrement de son compatriote. «Bouzebal», sauvage, illettré… Les adjectifs foisonnent et les Marocains se les échangent à volonté. On essaie de fuir et de chasser celui qui nous est «socialement inférieur» et on s’attache au riche et au puissant. Une sublime manifestation du pilier de la société marocaine : «L’Hogra». Le Marocain est-il sadique ou est-ce une catharsis de son impuissance ? Je ne sais pas. Le marocain est une équation qui devient inextricable jour après jour, et je doute qu’elle ait une solution.