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Grand Angle

Quand la caisse de compensation marocaine finance le gaz butane des habitants de Ceuta

A Ceuta, le prix de la bouteille du gaz butane a atteint des proportions insoutenables. L’Etat espagnol ne faisant rien pour remédier à cette situation, les familles de la ville autonome ont trouvé une autre issue de secours : acheter au Maroc. Du coup, elles font de belles économies au détriment de la caisse de compensation marocaine.

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La quête des produits bon marché entre les enclaves de Ceuta, Melilla et le Maroc n’est pas seulement le fait des Marocains. La pratique est également courante dans l’autre sens. Depuis plusieurs mois, «beaucoup de familles [celles résidant à Ceuta] se déplacent au Maroc pour s’approvisionner en gaz butane». C’est ce que révèle le journal local El Pueblo de Ceuta. Et pour cause, les prix ne cessent de flamber dans la ville autonome.

3,90 € VS 16,40 €, le compte est bon !

En effet, une bouteille de gaz butane coûtait 14,20 euros jusqu’à fin 2013 à Ceuta, un montant déjà jugé élevé avec la conjoncture qui prévaut ces dernières années. Mais depuis, le prix a grimpé à 16,40 euros, ce que très peu de familles peuvent se permettre de débourser. Ainsi, le recours au marché marocain est devenu la meilleure option, surtout qu’en traversant la frontière, la bouteille ne leur coûte que 3,90 euros (40 dirhams) chez un épicier marocain. Les économies réalisées sont donc énormes, soit 12,5 euros par bouteille achetée.

De plus, selon les sources citées par le journal local, les familles ceutiennes achètent également des adaptateurs qui leur permettent d’utiliser aisément les bouteilles marocaines une fois à leur domicile. Ce qui leur permet de répéter la pratique sans souci.

Indirectement, la caisse de compensation sert aux Espagnols

Le fait est que la population de Ceuta est très affectée par la crise qui sévit en Espagne ces dernières années. Le coût de la vie a lourdement augmenté au moment où de nombreuses familles sont touchées par le chômage. D’après des études réalisées en 2013, le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale a augmenté de près de 4 points de 2007 à 2011.

Malgré les cris d’alarme de la société civile, le gouvernement tarde à agir. Vendredi dernier, les hommes de Mariano Rajoy ont annoncé qu’ils feraient avancer le dossier de la libéralisation du marché du butane, afin de faciliter la réduction du prix de la bouteille de gaz. Mais ce genre de discours n’est pas nouveau. En attendant, la caisse de compensation marocaine, qui subventionne le gaz butane, en paye les frais. Pourtant, son budget est de moins en moins supportable par les finances publiques.

Aujourd’hui d’ailleurs, les Marocains sont contraints de supporter la hausse de certains produits comme l’essence et le gasoil, alors que d'autres produits sont menacés de hausse de prix. Le gouvernement et la douane marocaine feront-ils quelque chose ?

De leur côté les commerçants espagnols n’ont pas encore réagi face au recours de plus en plus fréquent aux bonbonnes de gaz de contrebande. Mais il ne serait pas étonnant qu’ils dénoncent une concurrence déloyale comme c’était le cas, en début d’année, pour le pain marocain vendu à Melilla.

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