L'Office national des aéroports (ONDA) veut-t-il protéger Royal Air Maroc (RAM), en poussant les low-cost vers la sortie à Casablanca ? C’est la question qui ressort de l’article publié par le site spécialisé TourMag. En effet, le sort réservé à certaines compagnies à bas coût ces derniers temps laissent dubitatif sur les intentions des autorités marocaines. Après l’inauguration de sa ligne Casa-Paris en juin 2013, l’espagnole Vueling n’a pas pu boucler une année d’exploitation avant de se voir retirer ses slots de l’aéroport Mohammed V en mars dernier. La britannique Easyjet aussi a été contrainte de passer de deux vols quotidiens à un seul sur cette ligne.
Officiellement, ces changements seraient dus à un problème d’espace à l’aéroport de Casablanca où le terminal 1 est fermé depuis 2010, alors que le trafic ne cesse d’augmenter année après année. Mais visiblement, les deux compagnies low cost n’auraient pas entendu les choses de cette manière, puisque selon le journal français Le Point, elles auraient porté «l’affaire en justice». Nous avons tenté de les joindre pour obtenir de plus amples explications mais malheureusement nous n’avons pas pu obtenir de réponses.
Ailleurs dans le monde, la pratique est connue. «En France [à titre d’exemple, ndlr], Orly et, dans une moindre mesure, Roissy-CDG sont également protégés par l'attribution au compte-gouttes de slots d'atterrissage, ce qui protège la compagnie nationale et son réseau», explique Le Point. Le quotidien prête les mêmes intentions au Maroc qui a récemment refusé l’entrée de Transavia sur la plateforme casablancaise, en raison d'un «manque de place», alors que celle-ci avait signé une convention de développement avec l’Office national marocain du tourisme (ONMT).
Pour l’ONDA et la RAM, il n’est pas question de favoritisme
Les autorités essaient-elles de sécuriser notre RAM nationale, sachant que la plateforme de Casablanca représente environ 50% de son activité ? Nous avons tenté en vain de joindre le service de la gestion des lignes aériennes et des négociations internationales relevant du ministère des Transports. A l’ONDA, nous n’avons pu avoir la direction générale, mais un des responsables réfute toute supposition de favoritisme. D’après lui, l’ouverture ou la fermeture des lignes «dépend d’une politique commerciale propre au business des compagnies low cost». Mais dans ce cas, pourquoi évoque-t-on des recours en justice de la part de Vueling et EasyJet ?
Chez la RAM, la pilule ne passe pas. «C’est totalement faux. Aucune compagnie n’est favorisée», affirme d’entrée de jeu à Yabiladi un des responsables qui requiert l’anonymat. «La RAM a des vols de correspondances, ce que ces compagnies low cost n’ont pas», poursuit-il. «Or toutes les compagnies demandent des slots pour la même plage horaire (8h-13h), alors qu’on dispose de 24 heures. Je ne vois pas pourquoi on donnerait la priorité aux compagnies qui font du point à point, quand celle qui a des correspondances peut facilement être pénalisée», explique-t-il ensuite. Il souligne au passage que les pratiques de Casablanca sont les mêmes à Orly.
En France cependant, cette politique vise tout de même à protéger la compagnie nationale Air France. Au Maroc, «le vrai favoritisme, ce sont ces subventions énormes accordées aux low cost par des organismes publics dont l’Office du tourisme, sous prétexte que ces compagnies ramènent des touristes», déclare le responsable de la RAM, ajoutant que «la plupart des vols de ces opérateurs transportent les Marocains de l’étranger ou des résidents marocains qui se rendent à l’étranger et «qui ne sont pas des touristes».
Mais comment comprendre la logique dans laquelle se place le Maroc actuellement, puisqu'il affiche un objectif ambitieux de 51 millions de passagers dans ses aéroports d'ici 10 ans, mais retarde les travaux de réaménagement de l'aéroport casablancais depuis des années et annule les possibilités d'augmenter les dessertes sur une ligne à succès comme Paris-Casablanca ?