Ils sont pauvres, n’ont pas de toits dignes de ce nom, mais tiennent à leur habitat. Pourtant, en quelques heures, une partie de leur bidonville sera complètement rasée. Depuis mardi, des bulldozers détruisent les maisons de «Carrières Centrales», le plus vieux bidonville de la capitale économique dans le cadre du programme «Villes sans bidonvilles». Les images circulant sur la toile témoignent du climat de tension qui régnait dans cette partie de Casablanca. Tension qui a conduit à l’arrestation d’une cinquantaine de personnes, selon l’AFP.
Selon Noureddine Ryadi de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), 19 autres personnes se trouvaient encore en garde à vue mercredi soir. Les violences ont causé plusieurs blessés, dont 4 policiers, indique le journal arabophone Assabah. Les habitants se sont opposés à la destruction de leur «bien» et plusieurs jeunes ont commencé à jeter des pierres sur les forces de police.
Un homme a failli s’immoler
L’irréparable a même failli se produire lorsqu’un jeune homme désemparé a tenté de s’asperger de liquide inflammable pour s’immoler. Finalement, après qu’il ait été calmé, il n’est pas passé à l’acte.
Les images circulant sur la toile montrent le visage désarçonné des habitants. «Les gens vont encore passer la nuit dehors. L'un des problèmes est que les relogements se fondent sur d'anciennes statistiques qui ne tiennent pas compte du fait que certains enfants sont devenus adultes et ont fondé leur propre famille», a réagi le responsable de l'AMDH.
«Carrière Centrales» est le plus ancien bidonville du Maroc. Selon certains, c’est sur ce lieu que fut inventé le concept de bidonville en darija «Kariane» dérivé de carrière. Depuis 2002, l’opération de destruction de cette partie de Casablanca se poursuit dans le cadre du programme «Villes sans bidonvilles» qui vise le relogement de près de deux millions de personnes au total, sur l'ensemble du territoire. D’autres démolitions dans ce bidonville, puis à Hay Mohamadi, Aïn Sebaa et Koréa sont prévues.
Les habitants du bidonville mécontents des démolitions