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Grand Angle  

Ksar Ait Benhadou : Des lumières du cinéma aux ruines oubliées

Après avoir brillé de mille feux en abritant les tournages de films historiques à succès, le Ksar Ait Benhadou croule aujourd’hui sous les ruines. Il est pourtant classé patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 27 ans. Un journaliste du quotidien espagnol La Razón a consacré un long article sur cette cité oubliée. 

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L'époque où le Ksar Ait Benhadou était prisé par les réalisateurs de films est bien révolue. Pourtant les œuvres à succès qui y ont été tournées en disent long sur la notoriété de ce lieu mythique. Lawrence d'Arabie, c’est ce bijou du cinéma britannique des années 60 qui s’est servi pour la première fois de la beauté architecturale traditionnelle du Ksar Ait Benhadou, cette construction historique typiquement maghrébine située dans la vallée de l’Ounila, dans la province de Ouarzazate.

Une vingtaine d’année plus tard, le réalisateur américain Lewis Teague décide d’y tourner des scènes du film Le Diamant du Nil. Pour apporter une touche particulière au site et surtout pour des raisons commerciales, l’équipe de production décide de construire une porte monumentale servant d’entrée à l’enceinte du ksar. Très appréciée du grand public, la fameuse porte n’a pas été détruite après le tournage.

Fin des années 90 et début des années 2000, le site recevra encore le tournage de deux autres grands films : La Momie (1999) et Gladiator (2000). Mais aujourd'hui, tout cela ne relève plus que du passé. Le Ksar Ait Benhadou a laissé ses heures de gloire derrière lui. 

Un patrimoine mondial de l’Unesco quasiment aux oubliettes

Il est vrai que les productions cinématographiques ont permis de faire découvrir le site aux touristes, mais l’affluence n’est pas toujours au rendez-vous. Depuis de nombreuses années déjà, le site est en ruine. Une partie de ses locaux servent encore à des expositions commerciales proposées aux visiteurs qui s’intéressent encore à la découverte de ce lieu. Mais d’autres endroits sont carrément impraticables, c’est le cas notamment de la kasbah la plus haute du ksar. Pourtant, le site est classée patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987 et l’organisation internationale accorde une aide financière au Maroc pour en assurer la sauvegarde.

La situation est des plus déplaisantes pour les habitants. Le journaliste espagnol Pablo Cerazal s’y est rendu récemment et rencontré Abderrahim. Avec sa femme et ses cinq enfants, l’homme vit actuellement à l’intérieur du ksar après la «démolition» de sa maison de campagne par les autorités locales qui entendaient «préserver l’état pur du paysage autour du ksar».

Les habitants doivent tout faire «pour ne pas effrayer les touristes» avec la saleté

Autrefois agriculteur, ce père de famille n’a plus de terre à cultiver. Il survit grâce à la vente de produits artisanaux aux quelques touristes qui, malgré l’état du Ksar, font encore le trajet pour le découvrir. Abderrahim dit être généralement prié par les autorités municipales de garder ses locaux propres «pour ne pas effrayer les touristes». Et leurs actions s’arrêtent là. Avec sa famille, l’homme reçoit un pourcentage de l’argent fourni par l’UNESCO au Maroc pour l’entretien du ksar. Mais les sommes seraient si minimes qu’elles n’aideraient pas à grand-chose.

Tout ceci remet au goût du jour le problème de la gestion du patrimoine au Maroc et montre les lacunes gouvernementales à ce niveau. Et le cas du Ksar Ait Benhadou est d’autant plus grave qu’il n’est pas seulement le patrimoine du royaume, mais un monument à renommé internationale. Au début des années 2000, les choses semblaient bouger avec notamment la tenue de plusieurs ateliers de consultation internationale à Ouarzazate sur la gestion de ce site historique. Mais depuis, les actions sont restées bien timides.

Reportage de l'UNESCO datant de 2010 (anglais)

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