Yabiladi.com : Vous êtes journaliste de profession. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous mobiliser pour cet enfant ?
Aziza Nait Sibaha : Je suis journaliste mais je suis avant tout une citoyenne marocaine très concernée par ce qui se passe dans son pays d’origine et par ce qui arrive à ses concitoyens. C’est pour cela que la situation du jeune Fayçal m’a interpelée. J’ai vu la vidéo sur les réseaux sociaux et des gens de la région et d’ailleurs au Maroc m’ont aussi écrit pour dénoncer le calvaire que vit ce jeune handicapé.
Vous avez pris contact avec la famille. De quoi souffre l’enfant au juste ?
Il n’y a pas eu de diagnostic précis à ce jour. J’ai discuté longuement avec la maman qui m’a expliqué qu’on lui a parlé au début d’autisme mais comme il n’a pas eu vraiment d’examens pouvant confirmer cela au jour d’aujourd’hui, nous n’avons pas de précisions sur son handicap. Ce qui est sûr c’est qu’il souffre d’un retard mental.
Avez-vous pris contact avec des associations qui pourraient lui venir en aide ?
Oui j’ai appelé plusieurs associations actives dans le domaine de l’enfance. Plusieurs d’entre elles vont envoyer des équipes sur place pour en savoir plus et essayer de voir comment aider Fayçal. Najat Anwar, de l’association Touche Pas A mon Enfant, a dépêché le lendemain de notre échange, l’équipe de son antenne sur place pour rendre visite à l’enfant et prendre contact avec les autorités locales. J’ai aussi parlé à la personne en charge du site Taourirt.info qui a sorti l’information en premier lieu et c’est elle qui m’a mise en contact avec la maman. J’espère que la mobilisation au Maroc sera assez grande pour sauver cet enfant.
Depuis quelques heures vous faites tourner sur les réseaux sociaux, une lettre à signer adressée à Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social...
En effet, suite aux contacts que j’ai eus et à la demande de toutes les personnes qui m’ont contactée, j’ai décidé avec un groupe de journalistes marocains vivant en France d’écrire une lettre à la ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social au Maroc pour l’alerter sur cette situation et demander son intervention. D’autres personnes, marocaines et étrangères, se sont jointes à nous pour soutenir cette démarche. J’espère que la Ministre répondra favorablement à cette demande. Nous allons aussi écrire au ministre de la Santé afin de solliciter aussi son intervention pour la prise en charge médicale cette fois.
Beaucoup pointent du doigt la mère de l’enfant, même si dans la vidéo elle assure ne pas avoir les moyens pour le prendre en charge. Selon vous est-elle responsable de cette situation ? Et pourquoi ?
Je tiens tout d’abord à corriger une fausse information qui est sortie dans certains médias cette semaine. L’enfant n’habite pas chez sa maman en ce moment mais bien chez son père. Ses deux parents sont divorcés aujourd’hui. La maman dit avoir été victime de plaintes des voisins quand son fils s’agitait ou piquait des crises. Du coup, devant le refus de tous les hôpitaux qu’elle a contactée, -et encore une fois c’est la version de la maman que je vous donne ici-, de prendre en charge l’enfant, elle a décidé de le «retourner» à son père. Je ne connais pas la version du père mais ce que je sais c’est que l’enfant est depuis attaché dans une pièce vétuste qui était censée servir de salle de bain. Sauf que l’endroit est dangereux pour l’enfant. Mais avant d’accabler les parents dont je ne connais pas encore l’histoire, -j’attends le retour des associations qui sont allées les visiter pour en savoir plus-, je préfère qu’on concentre nos efforts pour sortir cet enfant de cet enfer.
Dans la vidéo, la maman demande une aide financière pour pouvoir construire, sur une parcelle de terrain qu’elle possède, une maison pour son fils. Sa requête semble toutefois incohérente avec la situation de l’enfant. Qu’en pensez-vous ?
Encore une fois je ne veux accabler personne. Je ne sais pas si ce que demande la maman est la solution ou pas. Je lui ai posé la question, elle me dit qu’elle habite dans un endroit exiguë et qu’elle est harcelée par les voisins qui dénoncent les cris de son fils et que c’est pour cela qu’elle veut aller ailleurs pour récupérer son fils et que Fayçal revienne vivre avec elle. Le problème aujourd’hui, et j’insiste là-dessus, c’est que cet enfant a besoin d’une prise en charge médicale et sociale au plus vite.