Ali Benflis, candidat aux présidentielles algériennes du 17 avril, a abordé la question des frontières terrestres fermées avec le Maroc, mais à sa manière. A l’occasion d’un meeting électoral à Annaba, il a promis aux électeurs de mettre un terme à la situation qui perdure, depuis voilà presque vingt ans.
Toutefois, l’ancien premier ministre de Bouteflika, en homme de l’establishment, a tenu à poser ses conditions avant la concrétisation de sa promesse. «Il faut trouver d’abord des solutions aux problèmes bilatéraux liés à la drogue, et à la sécurité». C’est le même discours prôné, depuis des années, par les responsables algériens, les anciens comme les nouveaux, lorsqu’ils abordent cette sensible question.
Le Maghreb mais avec le Polisario
Ali Benflis, candidat malheureux en 2004 face à Abdelaziz Bouteflika, s'est présenté, lors de ce meeting, comme un fervent défenseur de l’intégration maghrébine, mais là aussi à sa façon. «J’appelle à une relance de ce processus et l’ouverture d’un marché commun de 120 millions d’habitants», a-t-il lancé dans des propos rapportés par le quotidien Liberté-Algérie. A Annaba, Benflis s’est, même, montré généreux en promesses, en se prononçant pour «la libre circulation des personnes» dans cet espace régional et le lancement d’un «passeport maghrébin».
Apparemment, sentant qu’il est sur le point de dépasser les lignes rouges, le candidat s’est vite ressaisi, assurant que l’édification du Maghreb «ne doit pas se faire au détriment des droits du peuple sahraoui».
Benflis pour le referendum au Sahara
C’est en effet, la deuxième fois que le candidat évoque la question du Sahara. Il avait en effet déjà abordé le sujet le 19 janvier dernier à l’occasion de la présentation officielle de sa candidature à la magistrature suprême. Dans une déclaration lue devant des journalistes, Ali Benflis s’était dit «favorable à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental sous l’égide des Nations unies». Sa position avait d’ailleurs évolué par rapport à sa candidature de 2004 où l’homme s’était prononcé pour une entente entre le Maroc et le Polisario pour le règlement du conflit.
Force est de constater qu'à 70 ans, Benflis n’est plus en mesure de supporter les aléas d’une deuxième traversée du désert. Il a déjà payé un lourd tribut lorsqu’il avait osé braver le consensus de la hiérarchie autour de la personne de Bouteflika en se présentant contre lui aux présidentielles de 2004. Aujourd’hui, même s’il sait d’avance que les «dés sont jetés», comme il l’a lui-même reconnu à Annaba, il ne perd pas espoir dans une intervention divine qui pourrait lui ouvrir les portes du palais d’Al Mouradia. Entre temps, il multiplie les gages en direction de qui de droit.