L’arrestation, vendredi dernier, des sept présumés jihadistes dans une opération conjointe entre le Maroc et l’Espagne vient de connaitre un nouveau développement. Ce lundi, les quatre personnes interpellées en Espagne soupçonnées d’appartenir à un ce réseau de recrutement et d’envoi de jihadistes en Syrie et dans d’autres zones de conflits, affilié à Al-Qaida, ont été présentés devant la Cour espagnole. L’information est du juge espagnol Ismale Moreno cité par Europa Press.
Les sept mis en cause ont été arrêtés dans une vaste opération conjointe lancée depuis 2010 par le Maroc et l’Espagne. Quatre membres de ce présumé réseau ont été interpellés en Espagne - trois dans l’enclave de Melilla et un à Malaga - et les trois autres au Maroc. Certains jihadistes ont déjà combattu en Syrie, d’après le ministère espagnol de l’Intérieur, qui avait souligné qu’il s’agit de «la plus importante cellule d’envoi de jihadistes en Syrie».
Il dirigeait le réseau depuis un fauteuil roulant à Melilla
Un citoyen espagnol résidant à Melilla dirigerait le réseau. Mustafa Maya Amaya, qui souffre d’un handicap moteur, opérait via internet pour le recrutement des futurs combattants. Une fois la phase de sélection effectuée, le responsable du recrutement contactait les futurs jihadistes pour les mettre en rapport avec des passeurs afin qu’ils puissent rejoindre les réseaux terroristes de destination. Le réseau démantelé disposait de plusieurs ramifications, notamment au Maghreb (Maroc, Tunisie et Libye), en Europe (France et Belgique), en Syrie, en Turquie, et en Indonésie.
Les enquêtes avaient été lancées en 2010 sous la supervision du tribunal central d’instruction n°2. La police avait remarqué plusieurs jihadistes venus de France au domicile de Mustafa Maya Amaya à Melilla pour préparer leur voyage en Syrie. Les agents avaient ainsi interpellé deux français membres de ce réseau : Paul Cadic et Farik Cheikh qui s’apprêtaient à regagner la Syrie. En outre, trois autres membres d’une cellule marocaine ont été interpellés : Tarik Ahnin, Mohamed El Moumni et Soufiane Karraz.
La police espagnole a également arrêté, à Malaga, le Tunisien Chafik Jalel Ben Amara Elmedjeri, qui était chargé de fournir de faux documents aux candidats au jihad. Selon la même source, Elmedjeri avait déjà été arrêté en 2006 pour appartenance à une organisation terroriste. A l’issue de la première audience, le juge a décidé de placer en détention les quatres prévenus à la demande du procureur, explique EFE.
Trois réseaux terroristes liés à Al-Qaïda auraient bénéficié des recrutements
Le sort des jihadistes arrêtés au Maroc devrait être scellé dans le royaume. Le réseau démantelé servait selon les enquêteurs de cellule de recrutement pour trois autres organisations terroristes proches d’Al-Qaïda. L'État islamique d'Irak et du Levant (ISIL), Jabhat Al Nusra (JN) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), auraient été les principaux bénéficiaires des recrues du réseau. Les jihadistes nouvellement recrutés avaient comme mission de participer activement à des attentats et des exécutions publiques, ou de servir de kamikazes lors des opérations terroristes commises dans les zones de conflits.
Au total, quatre perquisitions ont été menées dans les villes de Melilla et Malaga. La police y a saisi du matériel informatique et plusieurs autres documents qu’elle va analyser. Les enquêteurs ont aussi effectué des perquisitions dans plusieurs localités au Maroc.