Cinq étrangers, dont le maire de la ville libanaise de Kharayeb - Hatem Akouche, ont été arrêtés hier à Valence pour une affaire de trafic illicite d’organes, a annoncé lors d’une conférence de presse donnée à Madrid hier, mercredi 12 mars, l'inspecteur en chef de la police judiciaire de Valence, Esther Maldonado, le directeur général de la police, Ignacio Cosidó, et le directeur général de l'Organisation nationale de transplantation (ONT), Rafael Matesanz, rapporte El Pais.
Cette affaire implique également neuf autres immigrés en majorité marocains et algériens qui étaient près en 2012, à vendre leur foie contre de l’argent au maire libanais. L’enquête a été ouverte durant l’été de la même année, suite à la plainte d’une ONG d’assistance aux immigrés démunis. Elle avait alerté la Brigade de la police judiciaire de Valence sur l’existence d’un groupe de personnes qui offrait de grosses sommes d'argent aux immigrants en situation irrégulière prêts à vendre une partie de leur foie pour une transplantation.
Le donneur devait empocher 40 000 euros
Gravement malade et n’ayant pas d’autre recours qu’une greffe du foie pour survivre, Hatem Akouche se rendra à Valence en 2012, sous le conseil de ses médecins. Lesquels auraient considéré la renommée internationale du royaume ibérique en la matière, où 4 200 greffes sont réalisées chaque année. Seulement à son arrivée, l'homme politique n’a aucun proche qui puisse lui faire le don d’organe. Ses contacts sur place, quatre hommes dont trois Libanais et un Palestinien, l’encouragent à chercher des donneurs qui se feraient passer pour des membres de sa famille et à qui il versera une certaine somme d’argent, selon les explications d’Esther Maldonado. D’après la même source, la recherche était bien ciblée et visait les immigrés démunis, fréquentant les «centres islamiques de Valence».
L’homme politique libanais était prêt verser 40 000 euros au donneur, tout en finançant tous les frais connexes liés aux examens médicaux pré et post-greffe.
Ils avaient passé tous les tests de compatibilité
Pour vérifier leur compatibilité avec le maire libanais, les neuf donneurs potentiels dont deux femmes - se sont soumis à plusieurs examens dans une grande clinique de Valence. Ils étaient accompagnés des membres du groupe d’intermédiaires qui ont – pour l’occasion - payé une facture de 12 000 euros. Afin de tromper la vigilance de la clinique, ils s’étaient tous fait passer pour des touristes qui en profitaient pour effectuer un contrôle médical.
Après ces tests, une seule femme était compatible avec Hatem Akouche. Mais ce dernier a refusé de recevoir le foie d’une femme, en raison des principes de l’islam. A noter que selon la presse espagnole, c’est cette femme qui se serait confiée à l’ONG à la base de l’enquête. Finalement, ni les Marocains, ni les autres immigrants ne pourront bénéficier de la somme promise.
Le maire libanais entre les mains de la police, le sort des immigrés marocains inconnu
Les médecins espagnols conseilleront au Libanais de recourir à l’organe de l’un de ses enfants. En 2013, il emmènera son fils à Valence et la greffe se fera avec succès. Seulement, l’enquête en cours depuis près d’un an avait révélé des infractions dans la précédente démarche de Hatem Akouche. En Espagne en effet, le don d’organe par un donateur vivant doit être strictement altruiste. Et le Code pénal punit jusqu’à 12 ans de prison toute personne qui promeut, encourage ou facilite le trafic illicite d’organes pour une greffe. «La tentative d'achat d'organe pour une transplantation et les tests médicaux pratiqués sur les donateurs potentiels à cette fin sont un crime dans notre pays, même si la greffe n'a pas été réalisé», a déclaré le ministre espagnol de l’Intérieur, commentant cette affaire.
Hatem Akouche a été interpelé, hier, à son arrivée à l’aéroport de Manises, alors qu’il revenait en Espagne pour des examens post-greffe. Il a été libéré peu de temps après, mais son passeport lui a été retiré pour qu’il ne puisse pas quitter le territoire. Pour l’heure, la police n’a encore rien décidé quant au sort des neuf migrants majoritairement marocains et algériens impliqués dans cette affaire.