«En deux mois, près de mille immigrants sont entrés à Melilla. Sans la coopération du Maroc, ils seraient plusieurs milliers», a déclaré le président de la ville autonome, Juan José Imbroda, dans une interview accordée à la télévision espagnole TVE, rapporte l'agence EFE.
En effet, les assauts se sont multipliés depuis le début de l’année au niveau des frontières séparant le Maroc de Ceuta et Melilla. Mais cette dernière a été la plus touchée, puisque les entrées d’immigrants irréguliers ont été plus nombreuses. Face à cette grosse pression migratoire, le Maroc, appelé en renfort par l’Espagne, a renforcé ses services de contrôle dans les zones environnant les frontières avec Ceuta et Melilla. Mais le rôle du Royaume chérifien ne se limite pas à la surveillance des frontières. Outre la régularisation de certains immigrés sur son territoire, Rabat s’est engagé à assurer le quart du financement du programme d’aide au retour volontaire de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Selon Imbroda, toutes ces mesures prises par le gouvernement marocain permettent de limiter les dégâts pour la ville autonome dont les centres d’accueil pour migrants sont actuellement bondés. Et il n’est pas le seul. Lors d’une sortie médiatique ce mercredi, Jose Manuel Garcia Margallo, ministre espagnol des Affaires étrangères, a également salué «l’énorme effort» consenti par le royaume chérifien afin de contrer les vagues de migrants, rapporte Europa Press. Il fait d’ailleurs parti des dirigeants ibériques qui avaient appelé le Maroc à renforcer la sécurité de son côté.
Tentative d’apaisement ?
Cependant, ces responsables - tous deux du Parti populaire (PP) - semblent vouloir éteindre le «feu» allumé par la presse locale mardi. En effet, un quotidien révélait des accusations délicates à l’encontre du Maroc, contenues dans le rapport de la Garde civile sur la noyade du 6 février dernier à Ceuta. Selon le document, le Maroc aurait laissé certains corps d'immigrants pendant des jours dans l’eau, alors que les patrouilles les avaient bien localisés.
Il est aussi dit que le ministre espagnol de l’Intérieur, Jose Fernandez Diaz, n’avait pas mentionné cela dans son rapport du 13 février dernier, parce qu’il voulait éviter toute friction avec Rabat.
Comme à l’accoutumée, les autorités marocaines n’ont pas réagi à cette accusation. Mais il est clair aujourd’hui qu’avec toutes les doléances de l’Espagne auprès du Maroc au sujet de l’immigration irrégulière, Madrid veut certainement préserver ses intérêts et éteindre la polémique. D’autant plus qu’il ne reste plus que deux semaines avant la mise en place de la commission mixte maroco-espagnole qui travaillera sur la réadmission des immigrants.