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Grand Angle

Potentiel de pétrole offshore : Excitation de l'Espagne, silence du côté marocain

En début de semaine dernière, les compagnies Cairn Energy et Genel Energy ont confirmé leur espoir de trouver du pétrole dans les eaux situées entre le Maroc et les Iles Canaries. Depuis, médias et politiques espagnols reviennent régulièrement sur le sujet. Alors qu'on titre déjà «le Maroc dans l'Opep», le royaume chérifien de son côté n'en parle quasiment pas.

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La question des prospections pétrolières dans les eaux situées entre le Maroc et les Iles Canaries fait la une de beaucoup de médias en Espagne, surtout dans les Iles Canaries. «Le Maroc dans l’Opep», titre même une tribune publiée ce mardi par le journal El Dia. L’auteur fait référence ici aux annonces récentes concernant le «fort potentiel» pétrolier qui existerait au large de Tarfaya et considère ironiquement le royaume chérifien comme en futur exportateur de pétrole.

Si Cairn Energy a estimé ce potentiel à environ 70 millions de barils, Genel Energy, tout en confirmant l’information, s’est abstenu de donner des chiffres. Dans des déclarations à Medias 24, le responsable des relations extérieures de la firme turque a indiqué que «les résultats sont attendues le mois prochain».

Repsol va prospecter à 10 Km de la plate-forme marocaine

Pour l’heure il n’y a donc pas de découverte concrète, mais juste des indications optimistes par rapport à l'avancée des forages. Mais cela agite déjà en Espagne et le sujet est traité et discuté sous toutes les formes par les politiques et médias locaux. Et pour cause, les publications de Cairn et Genel suscitent beaucoup d’espoir. Pas plus tard qu’hier, lundi 10 mars, la déléguée du gouvernement dans les îles Canaries, Maria del Carmen Hernández Bento, a déclaré que la compagnie Repsol prospectera, dans les prochains mois, à 10 km de la plate-forme où le potentiel marocain a été décelé. La responsable espère des résultats positifs.

C’est dans le même état d’esprit qu’est le ministre espagnol de l’Industrie, de l’Energie et du Tourisme, José Manuel Sora, depuis novembre dernier. S’il y a des hydrocarbures «dans la zone du Maroc, il est fort probable qu’il y en ait aussi dans les eaux des Iles Canaries», avait-il déclaré.

Par contre, d’autres voix rejettent ce point de vue, estimant que les eaux marocaines et les eaux canariennes n’ont rien en commun. D’ailleurs la prospection pétrolière aux larges des Canaries pose un gros problème au président du gouvernement local, Paulino Riveiro. Il s’inquiète des effets que pourrait avoir cette activité sur l’environnement et les risques sur le tourisme, principale activité économique de l’archipel. Mais, Maria del Carmen Hernández Bento assure que toutes les dispositions seront prises pour assurer le respect des normes environnementales.

Rabat, totalement silencieux

Malgré toute cette effervescence médiatique, le Maroc n’aborde quasiment pas le sujet. Même après la demande médiatisée des garanties environnementales de la part des Canaries, Rabat n’a pas réagi, du moins officiellement. Notons cependant que de manière générale dans ses contrats de prospection en offshore, l’Office nationale des hydrocarbures et des mines (ONHYM) prévoit la garantie du respect des normes environnementales.

Vu sous un autre angle, le silence du Maroc peut s’expliquer par la multiplication des annonces de potentiel pétrolier qui n’ont jusqu’à maintenant abouti sur rien de concret. Et les autorités marocaines semblent surtout avoir retenu les leçons de l’affaire Talsint. Aujourd’hui, les dirigeants, politiques et médias marocains attendent du concret avant de s’emballer. C’est certainement pourquoi l’Office poursuit ses activités en toute discrétion, permettant aux compagnies qui le souhaitent de participer au forage. Après Cairn et Genel, le groupe portugais Galp devrait démarrer ses activités au large de Tarfaya cette année.

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