La législation entourant l’abattage halal au Royaume-Uni pourrait bien être revue à l’avenir. C’est du moins ce que demandent les vétérinaires du pays. Dans une interview accordée hier, jeudi, au journal The Times, le président de l’Association britannique des vétérinaires réclame un encadrement plus strict de l’abattage rituel halal et casher dans le pays. Il propose ainsi d’interdire l'égorgement des animaux sans étourdissement préalable.
«Cinq ou six secondes de douleur»
Pour John Blackwell, récemment nommé à la tête de l’association qui compte plus de 14 000 membres, l’abattage rituel comme il est pratiqué par les musulmans et les juifs cause des «souffrances inutiles» aux bêtes. L'égorgement provoque «cinq ou six secondes de douleur» aux moutons qui, selon lui, peuvent rester conscients jusqu'à sept secondes après.
«Ces animaux vont ressentir la coupure. Ils vont ressentir l'énorme blessure des tissus de la nuque, le sang qu'ils vont inhaler avant de perdre connaissance», explique John Blackwell au Times. Ce dernier va encore plus loin. «Je pense que nous ne sommes pas loin d'une interdiction totale, il y a assez d'opinions qui s'accordent pour dire que cette pratique est inhumaine et fait souffrir l'animal au moment de la mort», a-t-il insisté dans un autre entretien avec The Guardian. «Nous avons essayé de déconnecter l'affaire de la sphère religieuse. Ce n'est pas une attaque contre la foi, c'est une décision que nous avons prise pour le bien-être des animaux», a-t-il ajouté.
Suivre l’exemple danois
Si les musulmans et les juifs ne prennent pas volontairement de décision dans ce sens, le gouvernement devrait selon lui suivre l’exemple danois. Une loi imposant l’étourdissent préalable à l’abattage rituel est, en effet, entrée en vigueur le 17 février dernier au Danemark. Une décision «uniquement prise en fonction du bien-être des animaux, ce qui est juste», a estimé le chef des vétérinaires britanniques, cité par Le Figaro. «Nous devrions prendre le même chemin», a-t-il souligné.
L’Association britannique des vétérinaires affirme par ailleurs, que sa position est soutenue par la Fédération des vétérinaires d'Europe, le Comité de protection des animaux d'élevage (The Farm Animal Welfare Committee), la Humane Slaughter Association (HSA), ainsi que par la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (RSPCA). Le gouvernement britannique, lui, ne s’est pas encore prononcé sur la question.