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Grand Angle

Les frères Zaoui, deux as des fusions-acquisitions originaires de Fès

Michael et Yoël Zaoui sont bien connus dans le milieu des affaires en France. Ces deux banquiers ont été derrière plusieurs opérations de fusions-acquisitions de grands groupes du capitalisme français. Leur dernier fait d’arme est l’opération financière entre L'Oréal et Nestlé révélée le 11 février dernier. Originaires de Fès où ils ont même grandi dans les années 1960, Michael et Yoël ont travaillé dans de grandes banques américaines rivales avant de décider de cheminer ensemble en 2013. Vanity Fair a consacré un long portrait des deux as des fusions-acquisitions. Retour sur le parcours jalonné de réussites des deux fils d'un ex-haut fonctionnaire de l’administration marocaine.

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Ce sont deux banquiers très réputés en France. Michael et Yoël Zaoui collectionnent les différences mais aussi les points communs. Ils ont été rivaux avant de travailler ensemble. Qualifiés de personnalités discrètes, ils sont également très redoutables en affaires. Ils ont été l’alpha et l’oméga dans plusieurs opérations financières entre différents groupes du capitalisme français depuis plus de trois décennies. Originaires de Fès, ces deux frères sont aujourd’hui des partenaires dans le milieu des affaires.

«C’est au Maroc que les deux garçons ont grandi, au tournant des années 1960. La famille Zaoui est originaire de Fès…», explique le magazine Vanity Fair. Michael, l’ainé aujourd’hui âgé de 56 ans et Yoël, 52 ans, ont passé quelques années dans la ville spirituelle. Leur famille s’est longtemps tournée vers les affaires. Le grand père était bijoutier dans le Mellah, le quartier juif de la ville. Le père était un haut fonctionnaire de l’administration marocaine. Pendant le protectorat français, il dirigeait la conservation foncière du royaume chérifien, le service chargé de percevoir les droits et taxes d’enregistrements, détaille Vanity Fair.

Leur grand père exhortait les juifs à apprendre l’arabe

Même si quelques facettes de leur origine leur échappent, cela ne les empêche pas d’aller à la quête de leur histoire. Michael retourne parfois à Fès pour se recueillir «au cimetière juif, dont les tombes sont impeccablement entretenues», explique la même source. L’ainé est aussi allé à la découverte de sa généalogie. Les résultats ne sont pas très fructueux à cause de l’absence d’état civil, mais il a tout de même réussi à retrouver une copie du manifeste rédigé en 1930 par son grand-père maternel, un propriétaire terrien. Ce dernier exhortait les juifs dans ledit document à apprendre l’arabe classique afin de mieux comprendre leurs voisins musulmans. La découverte de ce texte réjouit au plus haut point Michael. «Je suis très fier de ce texte. Il fallait de la clairvoyance et du courage pour tenir ce genre de discours», confie-t-il.

La particularité de ces deux frères est aussi à chercher dans leur parcours académique remarquable. En 1964, la famille a quitté le Maroc pour s’installer à Rome car le père y était affecté par la FAO, le programme des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Ils en profitent pour apprendre l’italien, leur «deuxième langue avant l’anglais», selon Michael. Treize ans plus tard, la famille s’établit dans la capitale française. Michael réussit un concours pour Sciences-Po, un doctorat en droit et un MBA à Harvard. De son côté, le cadet décroche HEC après une seule année de prépa, obtient un DEA de finance à l’université Paris-Dauphine avant un diplôme à Stanford.

As des fusions-acquisitions

Avec ces profils et ces diplômes obtenus dans de prestigieux établissements, les banques américaines n’hésitent pas à s’offrir ces futurs as des fusions acquisitions. Michael est embauché par Morgan Stanley en 1986 dans le département fusions et acquisitions. Yoel refuse le même poste après un stage concluant pour ensuite rejoindre la banque rivale, Goldman Sachs. La décision était loin d’être irréfléchie. «Yoël et moi étions tombés d’accord : si on était chacun dans une banque, cela élargirait notre réseau de relations et de clients. Nous étions loin d’imaginer la suite», explique Michael au journaliste de Vanity Fair.

La suite, ce sera une carrière jalonnée de prouesses. En 1990, Michael réussit à sauver le groupe Colt menacé par une grève et qui a perdu un gros contrat de fourniture d’armes avec l’armée américaine. Yoël réussit de son côté à se faire un nom après avoir «vendu» Burndy, un fabricant de connecteurs électroniques - dans un secteur dominé par les Américains -, à l’entreprise française Framatome pour 244 millions d’euros. En 1999, Yoël et Michael sont du même côté pour que Elf rachète Total après une offensive du dernier. Ils seront certes dans le camp des vaincus mais leur opération a permis à Elf d’avoir 12% de plus que ce qui était initialement proposé.

Autre prouesse, Yoël permet en décembre 2005 au groupe indien Mittal de racheter Arcelor alors défendu par Michael. Une opération dans laquelle les frères ont défendu des intérêts opposés. Pourtant, Michael n’en garde aucune amertume. Ce sont les affaires et Arcelor a reçu 25,4 milliards d’euros, au lieu des 18,6 milliards prévus au début. C’est aussi sur leurs conseils qu’Alcan à absorbé Péchiney en 2003, que Sanofi s’est emparé d’Aventis en 2004 et que PPR a racheté Gucci la même année. Au mois de janvier 2013, Michael et Yoël ont annoncé la création de Zaoui & Co., une «boutique» de conseils en fusions et acquisitions.

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