L’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) a bloqué mercredi 5 février le nom de domaine whois.ma, accordé à un jeune MRE quelques jours auparavant, a-t-on appris jeudi matin.
En effet, Alaa-eddine Kaddouri, jeune ingénieur résidant en France, a lancé le 2 février dernier, le site web whois.ma, une sorte d'annuaire interrogeable automatiquement par les internautes pour savoir si un nom de domaine .ma est libre et donc permettre son acquisition. «L’idée était de mettre à la disposition du public un service qui simule le fonctionnement d'un vrai service WHOIS afin de faire avancer les choses. Une initiative dûment acclamée par la communauté web marocaine», explique à Yabiladi M. Kaddouri.
Toute avait bien fonctionné pendant deux jours. Mais 72 heures après le lancement, «je reçois un coup de fil de l’agence Maroc Telecom à Oujda, où mon contact au Maroc avait acheté le domaine. Ils me disent que whois est un terme réservé, que nous n’étions pas censé acquérir au départ et qu’il sera nous sera retiré», explique le jeune ingénieur MRE. La décision a été exécutée quelques heures plus tard. Il veut bien croire qu’il y a eu une erreur de la part de Maroc Telecom et du Régulateur, «mais est-ce une manière de corriger une erreur ?», s’interroge-t-il.
Gestion «hasardeuse» des noms de domaine
D’un instant à l’autre donc, whois.ma est devenu inaccessible. Pour M. Kaddouri, «il est inadmissible qu’en 2014, un nom de domaine soit supprimé sans raison réelle et sans décision de justice». Au moment de l’achat du nom de domaine pourtant, un fax avait été envoyé à Maroc Télécom pour un changement de configuration, lequel s’est effectué sans complication, selon l’ingénieur.
Actuellement le concepteur de whois.ma se pose mille et une questions. «Pourquoi désactiver un site qui ne fait que combler le manque d’un service que l’ANRT n'a pas su mettre en place depuis des années ? Comment se fait-il qu'un tel site soit identifié et désactivé aussi rapidement comme s'il représentait un danger public ? Et surtout, pourquoi l'ANRT n'a pas agi en amont, en interdisant l'enregistrement de ce nom de domaine ou sa configuration, si ce dernier est interdit à l'enregistrement ?». Toutes ces interrogations sont restées jusqu’à lors sans réponses. Yabiladi a tenté de joindre l’ANRT pour obtenir des explications, mais il nous faudra patienter jusqu’à vendredi pour avoir une suite, nous a indiqué la responsable communication. L'agence Maroc Telecom ayant vendu le nom de domaine est, pour sa part, restée injoignable.
«La gestion des domaines .ma est hasardeuse. Les règles ne sont pas claires et il n’y a aucune loi qui régisse…», dénonce Alaa-eddine Kaddouri. Sur Tweeter, plusieurs internautes qui avaient salué l’initiative du jeune MRE ont également réagi au blocage du site.
#freewhoisma le hastag qui dénonce l'arbitraire dans la gestion des .ma au maroc
— Driss LEBBAT (@drisslebbat) 5 Février 2014
whois.ma bloqué ! Quand j'ai consulté ce site avant hier je me suis dit que ce site va être désactivé par l'ANRT #freewhoisma
— AbdelAli (@xpleet) 5 Février 2014
Honte à l'ANRT "@drisslebbat: #freewhoisma le hastag qui dénonce l'arbitraire dans la gestion des .ma au maroc"
— Riad Essbai (@docteurho) 5 Février 2014
@drisslebbat je sais, pour eux c'est une manière de faire caché leur mauvaise gestion #freewhoisma #twittoma #angry
— seffar moufdi (@moufdi) 5 Février 2014
Possible action en justice
Dans un premier temps, M. Kaddouri et son équipe au Maroc tentent de résoudre le problème à l’amiable. «Comme ça, ils ne pourront pas nous accuser d’être allés droit à l’offensive», dit-il. Mais si l’ANRT et Maroc Telecom refusent de coopérer, il assure qu’il ira en justice.
Ce qui importe le plus cet entrepreneur n’est pas tant le fait de récupérer son nom de domaine. «Le combat est plus symbolique, il faut que les choses changent, il faut que nous ayons des textes et un système clair qui régissent la gestion des noms de domaines», estime M. Kaddouri. En attendant le dénouement de cette affaire, il offre temporairement ses services sur whois-ma.com.