C’est désormais chose faite. Après deux semaines d’attente et d’atermoiements, le ministère de la Justice a enfin ordonné au parquet général d’ouvrir une enquête contre Abdelahamid Abou Naïm. Une décision annoncée hier soir. Le salafiste sera poursuivi pour atteinte directe à des institutions publiques (le ministère des Affaires islamiques, la Ligue Mohammadienne des oulémas, le Conseil supérieur des oulémas).
Dans sa première vidéo, l’ancien imam d’une mosquée à Casablanca avait, en effet, accusé toutes ces organismes représentant l’islam officiel au Maroc de servir un agenda «laïc de gauche hostile à la religion musulmane».
L’USFP a eu gain de cause
Mais, ce sont les déclarations contre le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar le traitant de «mécréant et d’apostat» qui sont à l’origine de l’intervention du ministère public. Des propos qui s’apparentent à une incitation à la mort, d’ailleurs passible d’emprisonnement entre un et trois mois, selon l’article 429 du code pénal.
L’enquête ouverte contre Abou Naïm est une victoire pour le parti de la Rose. La direction de l’USFP avait refusé, dés l’éclatement de cette affaire, de porter plainte contre le salafiste, estimant que c’était au département de Mustapha Ramid de prendre une telle initiative. Une tactique qui s’est avérée payante même si la décision du PJDiste s’est faite une peu attendre.
Abou Naïm sera-t-il acquitté comme Nahari ?
Cette affaire Abou Naïm n’est pas sans rappeler celle du prédicateur Abdellah Nahari, réputé comme très proche du MUR (la matrice du PJD). Fin juin 2013, il avait appelé au meurtre du journaliste du quotidien Al Ahdath Al Maghribia, Mokhtar Laghzioui pour avoir défendu la liberté sexuelle des Marocains et des Marocaines.
Une position qui avait fait sortir le religieux de ses gonds. Il était allé jusqu’à réclamer la tête de Laghzioui qu’il avait qualifié de «dayouth», la représentation en Islam de l’homme sans foi ni loi et encourageant au vice. Là aussi, le ministère de la Justice avait été contraint, sous la pression des ONG des droits de l’homme, d’ouvrir une enquête. Deux mois plus tard, le tribunal de première instance de Oujda acquittait Nahari.