Le gouvernement Benkirane tient à déléguer une partie des services publics au privé. Et pourtant, les fonctionnaires ne manquent pas. Il prévoit de céder, pour le moment, trois activités à des sociétés. C’est le ministère des Transports, de l’Equipement et de la Logistique qui est appelé à désigner, en 2014, un partenaire privé pour la collecte des amendes des infractions au code de la route.
Les caméras de 970 radars de surveillance, en activité, enregistrent quotidiennement des écarts de conduites mais le problème réside dans la machine étatique du recouvrement, celle-ci ne suit pas le même rythme. Aziz Rebbah ne voit que des bénéfices d’une telle opération. Mais qu’en est-il de son coût financier ?
La Caisse de compensation sur la même voie
Le département du Transport a initié le mouvement, la direction de la Caisse de compensation lui emboîte le pas. Sa directrice, Samira Bennani, nommée en mars dernier, est favorable à confier au privé le contrôle et le suivi des quantités déclarées des produits subventionnés par les entreprises productrices ou importatrices.
Elle a fait savoir lors de la présentation, devant le chef de gouvernement, d’un rapport des activités de la CC durant les dix mois de cette année, que la Caisse de compensation est victime de graves irrégularités dues essentiellement à de fausses déclarations. Des centaines de millions de dh, voire même plus, sont dilapidés à cause du manque flagrant de ressources humaines compétentes. Comme Aziz Rebbah, Samira Bennani préconise la solution du privé.
Le ministère de la Santé, également
Décidément, le privé est la solution de facilité pour les ministres du cabinet Benkirane. Le dernier en date qui vient de succomber à la tentation est le ministre de la Santé, Houcine El Ouardi. Il y a quelques jours, il s’est prononcé pour l’octroi à une société le contrôle du stock des médicaments des hôpitaux publics.
Un service qui est souvent victime de nombreuses opérations de vols déclarées et d’autres camouflets en de petits incendies vite circonscris par miracle, sans même l’intervention des sapeurs-pompiers. Les usagers du CHU de Rabat en savent, d'ailleurs, quelque chose.
Le privé est-il la solution ?
Cette ruée vers la délégation n’est pas sans rappeler la frénésie qui s’est emparée, au début des années 90, des collectivités locales. Sous l’impulsion de l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri, elles se bousculaient pour céder, dans un premier temps, la distribution de l’eau, l’électricité et l’assainissement solide à des sociétés privées pour ensuite ajouter le secteur des transports publics.
Force est de constater qu’après presque vingt-ans, cette expérience a montré ses limites. Les concessions n’ont rien réglé, le transport à Casablanca en est bien la preuve. Dans les prochains mois, il faut s'attendre à un rapport accablant de la Cour des comptes sur cette opération.