La marche contre le racisme de 1983 en aura inspiré beaucoup. Alors qu’elle célèbre ses trente ans, elle continue de susciter des réactions. Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) et le Think tank «République et diversité» ont eu l’idée de concocter un classement des 50 plus grandes villes en fonction de leur engagement dans la lutte contre le racisme en France. Pour ce faire, ils ont envoyé aux municipalités un questionnaire sur 100 points, dont 30 concernent la politique interne de la mairie et 70 la politique publique. Ainsi, celles qui totalisent le plus de points sont les plus impliquées dans la lutte contre le racisme.
L'action de la police municipale, le soutien matériel à la promotion de la diversité, ou encore la représentation de la diversité au sein de l'exécutif municipal ont été pris en compte pour réaliser ce classement. L’étude permet ainsi de connaître le nombre d'adjoints issus de la diversité dans chaque ville. En outre, elle donne une idée sur l’action de la mairie dans le financement des associations antiracistes ou encore si elle prend en compte le bilan des entreprises en la matière quand elle attribue des marchés publics.
Marseille, bonnet d’âne, Villeurbanne, Montreuil et Paris en exemple
Selon le classement, Villeurbanne est la ville la plus impliquée dans la lutte contre le racisme avec 79 points. Cette ville est talonnée par Montreuil (77 points) alors que Paris (74 points) arrive en troisième position. Marseille (10 points) est en queue de peloton, derrière Aix-en-Provence, Versailles, Boulogne-Billancourt, Courbevoie et Toulon.
A analyser de plus près, il en ressort que les villes dirigées par des maires de gauche sont les plus actives dans la lutte contre le racisme. Pour preuve, sur les 10 premières villes du classement, 9 sont à gauche et parmi les 10 dernières, 8 sont à droite. Toutefois, cet état de fait est à relativiser car une très grande partie des grandes villes françaises est dirigée par des élus de gauche.
Au niveau des régions c’est, presque sans surprise, celle de Provence Alpes Côte d’Azur qui ressort comme la moins dynamique dans cette lutte contre le racisme. Les villes comme Aix-en-Provence, Marseille, Avignon ou Toulon sont très mal notées. «La sociologie de ces villes, marquée par le poids du Front national, la forte présence des rapatriés d’Algérie…explique sans doute ces résultats médiocre», selon le rapport.
La France devrait s'inspirer de Villeurbanne
La méthode de la mairie socialiste de Villeurbanne est par contre prise en référence. «La municipalité a mis en place de nombreuses politiques concrètes de lutte contre le racisme», détaille Louis-Georges Tin, président du CRAN. Le rapport évoque notamment les contraintes imposées aux clubs de sport à former pour qu’ils forment «leur coach à la lutte contre les discriminations sous peine de se voir supprimer leur subvention».
Pour le logement, un testing a été organisé dans les agences immobilières à Villeurbanne pour démontrer l'existence de la discrimination. La chargée de mission contre la discrimination indique qu’il y avait «très clairement discrimination une fois sur deux pour le candidat dont le nom était d’origine maghrébine». Même si aujourd’hui il y’en a moins, il faut savoir que la prévention des discriminations est un travail quotidien», explique-t-elle, ajoutant que «zéro discrimination n’existe pas mais il faut une vigilance constante». Le CRAN appelle ainsi la France à prendre exemple sur Villeurbanne.
Le rapport du Cran et de «République et diversité» entend donner plus d’outils aux élus locaux pour combattre le racisme. Ainsi, ils vont mettre en place un guide des bonnes pratiques qui devrait être présenté le 8 janvier lors d'un colloque à Paris. Un plan d’action porté par le maire lui-même semble nécessaire. Il devrait notamment être axé sur la nomination d'un adjoint en charge de la lutte contre les discriminations et un dialogue constructif avec les associations de terrain.