Finalement, le Chef du gouvernement a bien voulu répondre sur la question du Sahara, aujourd’hui, lors de son passage à la Chambre des représentants. Hier pourtant, il refusait d’aborder le sujet, au point que l’édition d’aujourd’hui du quotidien Attajdid, appartenant au MUR, soulignait que Benkirane allait traiter le dossier du Millenium challenge account.
Sur un sujet aussi sensible que le Sahara, il était tout à fait prévisible que le secrétaire du PJD opère un retrait, préférant mettre en exergue les efforts du roi Mohammed VI. Logique, puisque durant toute l'année, c’est le monarque, et dans une moindre mesure son entourage, qui a ravi la vedette au gouvernement, acculé à jouer le rôle de spectateur et applaudir les initiatives royales.
«Sur ce dossier, le roi est le leader et il le restera»
Endossant parfaitement ce rôle, Benkirane a tenu à rappeler la lettre du souverain à la première réunion des ambassadeurs, organisé en septembre à Rabat, et le discours du 6 novembre à l’occasion du 38ème anniversaire de la Marche verte. A aucun moment, il n’a fait la moindre mention d’une action menée par son gouvernement en faveur de la marocanité du Sahara. A moins de considérer comme une réalisation la Déclaration de Benkirane I, en janvier 2012 devant les deux chambres du parlement, dans laquelle le gouvernement s’était engagé à multiplier les efforts en vue de parvenir à une solution mutuellement acceptable entre les deux parties.
D’ailleurs tout au long de son allocution, Benkirane a tenu à parler de «réactions du Maroc» et non de son cabinet. A titre d’exemple, il a cité les soutiens de la France et des Etats-Unis au plan d’autonomie proposé par le royaume et de la présentation du plan du développement du Sahara, élaboré par le Conseil économique social et environnemental , présidé par Nizar Baraka. Sur ce point, Benkirane ne déroge point à la règle suivie par ses prédécesseurs, notamment Driss Jettou et Abbas El Fassi. A l’exception d’Abderrahman El Youssoufi (1998-2002) qui avait réussi, durant sa primature, à convaincre des pays d’Amérique latine de suspendre ou de geler leurs reconnaissances de la RASD.
«Peut-être que nous avons commis des erreurs»
Faisant la sourde oreille aux critiques des députés de l’opposition sur l’absence de son gouvernement dans la gestion du dossier du Sahara, Benkirane a préféré donner le chiffre des Etats ayant retiré leurs reconnaissances de la RASD. «Ils sont actuellement 30 pays», annonce-t-il, tout en reconnaissant qu’il «se pourrait que nous ayons commis des erreurs, comme il se pourrait que nous avançons lentement mais l’essentiel c’est que nous progressons».
Contrairement aux précédents passages de Benkirane au parlement, celui d’aujourd’hui s’est terminé sans enregistrer aucune prise de bec ni échange des noms d'oiseaux entre l’opposition et le Chef du gouvernement. Un progrès.