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Grand Angle

Affaire de la femme voilée de Trappes : 3 mois de prison avec sursis pour le mari et ouverture d’une enquête contre un policier

Il y a du nouveau dans l’affaire de la femme intégralement voilée, contrôlée en juillet dernier par des policiers à Trappes. Le mari, qui affirmait au moment des faits n’avoir jamais empêché le contrôle, a été condamné ce vendredi à trois mois de prison avec sursis. Entre temps, une information judiciaire a été ouverte contre un des trois policiers ayant participé à l'interpellation. Explications. 

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Michaël Khiri, le mari de la femme contrôlée le 18 juillet dernier à Trappes, dans les Yvelines, pour son voile intégral, a été condamné, ce vendredi 8 novembre, à trois mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Versailles. «Pour s'être violemment opposé au contrôle d'identité», l’homme, âge de 21 ans, a également écopé d’une amende de 1000 euros, a fait savoir l’AFP.

La peine prononcée par la justice aujourd’hui est conforme aux réquisitions du procureur de la République Vincent Lesclous. Celui-ci qui avait estimé, en septembre, que la réaction de Michaël était «injustifiée» face à une loi qui n'est «pas discutable», en l'occurrence celle de l’interdiction du port du voile intégral dans l'espace public, en vigueur depuis 2011 en France.

Changement de discours ?

«La déclaration de culpabilité est un rappel ferme par le tribunal qu'en France, c'est la loi de la République qui s'applique», a réagi l'avocat des policiers, Me Thibault de Montbrial, cité par l’agence de presse française. L’avocat de Michaël Khiri, Me Wenceslas Ference, a lui annoncé son intention de faire appel du jugement.

Pourtant, il y a comme un changement de discours dans les propos tenus par son client. Au moment des faits, Michaël affirmait, en effet, qu’ «à aucun moment» lui et sa femme avaient refusé le contrôle d’identité, soulignant que son épouse, âgée de 20 ans, également convertie à l’islam, avait déjà été contrôlée plusieurs fois par la police et que «ça s'était toujours bien passé». «À aucun moment je n'ai porté atteinte à un des policiers, ou essayé de l’étrangler ou autre. J’ai retenu le policier de peur qu’il fasse quelque chose à l’encontre de ma femme», expliquait-il.

Près de deux mois après l’incident, qui avait pour rappel été suivi de trois nuits de violences, le jeune homme a fait savoir durant son procès qu’il trouvait cette loi «illégitime», reconnaissant  alors avoir tiré l'un des policiers par l'arrière parce qu'il «a saisi (sa) femme par le voile».

«Incitation à la haine raciale»

Le tribunal correctionnel de Versailles a, par ailleurs, annoncé l’ouverture d’une information judiciaire contre un des trois policiers ayant participé au contrôle, pour «incitation à la haine et à la discrimination raciale». Il est soupçonné d’avoir partagé sur son compte personnel Facebook, fermé depuis, une photo du groupe «Les femmes blanches sont les plus belles».

La photo en question, reprenant le logo de la municipalité de Trappes, montrait selon l’AFP, une femme portant le niqab, représentée «sous un ciel éclatant devant une mosquée». «C'est une infraction complexe», a commenté le procureur, en souhaitant que le policier «puisse s'expliquer (...) en étant défendu».

L'Observatoire contre l'islamophobie, une composante du Conseil français du culte musulman (CFCM), a pour sa part salué une décision qui «va contribuer à apaiser les esprits». «Elle démontre que les lois de la République s'appliquent à tout le monde», a estimé son président Abdallah Zekri. Le Collectif français contre l’islamophobie (CCIF), qui avait suivi l'affaire de plus près, ne s'est pas encore prononcé sur ces nouveaux rebondissements.

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