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Grand Angle

Artisanat marocain : Chinois et Egyptiens copient les tapis de Beni Ourain et cassent les prix

Jusqu’ici, les industriels étrangers les plus réputés pour les copies de tapis marocains étaient turcs. Mais selon les témoignages de professionnels de la décoration, les Chinois et Egyptiens s’y sont également mis, notamment en copiant le célèbre Beni Ourain. Ces pièces sont vendues jusqu’à 30 fois moins chères que les originales aux décorateurs à travers le monde. Détails.

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Un pièce originale du tapis de Beni Ourain. (Ph: Beyond Marrakech)
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Actuellement, très peu de nouveaux tapis du style de Beni Ourain sont fabriqués au Maroc, révèle Elizabeth Mayhew, la consultante décoration pour Today Show et le Washington Post, dans son article publié sur le site Triblive. Elle se base sur les témoignages de professionnels américains, dont James Ffrench, directeur de Beauvais Carpets à New York. L’homme explique que la demande étant forte et l’offre originale insuffisante et onéreuse, certaines entreprises de décoration se tournent vers la Chine et l’Egypte. Là-bas, les tisserands réalisent des copies du tapis en se calquant sur le style marocain, qu’ils peuvent revendre à prix plus qu’abordable.

La copie, jusqu’à 30 fois moins chère que l’original

Beauvais Carpets, à titre d’exemple, dispose à la fois d’originaux et de copies. Celles-ci sont vendues à environ 160 dollars US (environ 1328 dirhams) la pièce, quand le vintage d’une cinquantaine d’année est vendu entre 5 000 et 8 000 dollars (environ 41 500 et 66 400 dirhams). Les pièces les plus anciennes, quant à elles, peuvent aller jusqu’à 25 000 dollars (plus de 207 000 dirhams) l’unité. A noter que ces pièces originales ont été réalisées à la main par des femmes dans la région de l’Atlas marocain.

On peut également retrouver ces copies dans plusieurs enseignes américaines spécialisées dans l’ameublement et la décoration comme Pottery Barn ou West Elm. Les prix de ces imitations qui commencent à quelques centaines de dollars peuvent même atteindre les 1300 dollars.

Production difficile à contrôler au Maroc

Selon M. Ffrench, le succès des tisserands chinois et égyptiens réside dans le fait que la production est difficile à contrôler au Maroc, car le royaume chérifien «est tribal», dit-il, sans donner plus d'explications. Devrait-on y comprendre que le tapis de Beni Ourain est resté celui de l’Atlas avec une production traditionnelle ?

Pourtant cette œuvre artisanale est bien le «chouchou» des grands décorateurs new-yorkais. Timothy Whealon de Timothy Whealon Interiors le voit même comme un objet précieux. «Je ne les vois pas [ces tapis, ndlr] comme la mode, je les vois plutôt comme étant hors du temps». En effet, James Ffrench rappelle que ce sont les concepteurs parisiens – dans les années 1920 et 1930 – qui avaient commencé à s’intéresser aux tapis marocains, «pour leur sens inné de la modernité et de leurs qualités ethnographiques». Quelques décennies plus tard, les modernistes tels que Le Corbusier et Charles et Ray Eames, accorderont une place de choix à ces tapis dans leurs décorations.

Aujourd’hui encore le tapis de Beni Ourain est plus que jamais à la mode, une mode cependant alimentée par la Chine et l’Egypte. Jusqu’ici, les industriels étrangers les plus réputés pour copier le tapis marocain étaient turcs. Mais là, le Maroc a vraiment du souci à se faire s’il veut garder le marché international du tapis de Beni Ourain.

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