«Les éleveurs ne font pas d’efforts», s’est insurgé l’imam de Grasse, Mohamed Djadi sur Nice matin. Le responsable religieux dénonce l’inertie des éleveurs qui ne disposent à ce jour d’aucun abattoir pour que les musulmans puissent y accomplir leur devoir religieux à l’occasion de l’Aïd el Adha qui se profile. Pour se faire entendre, la communauté musulmane de la région n’y est pas allée par quatre chemins. Elle a décidé de boycotter les éleveurs du département des Alpes Maritimes. L’idée a été lancée après une réunion tenue à Nice au printemps 2013. Aujourd’hui, seul un lieu dédié est disponible dans ce département. Et l'abattoir ne peut accueillir que 300 caprins ou ovins, selon la même source.
Les responsables semblent en tout cas très décidés. Ils sont même allés jusqu’à inciter les musulmans à aller «acheter leurs agneaux ailleurs que dans le département, notamment dans le Var». Un moyen selon eux de «pénaliser les éleveurs qui ne s'équipent pas en abattoirs temporaires» permettant aux musulmans d'abattre les bêtes dans de bonnes conditions sanitaires et réglementaires. A analyser de plus près leur décision, on s’aperçoit qu’elle est plus ou moins réfléchie. Pour preuve, à l’occasion de la fête, plus de 8 000 agneaux sont vendus pour un prix s’élevant au moins à 150 euros l’un, d’après le quotidien régional niçois.
16 ans de concertation avec la préfecture des Alpes maritimes en vain
«L'Aïd leur rapporte beaucoup d'argent, presque leur chiffre d'affaires de l'année pour certains», a même précisé à la même source l’imam Mohamed Djadi. Ce dernier a ajouté que «seize ans de concertation en préfecture des Alpes-Maritimes, en présence de tous les acteurs concernés, n'ont pas suffi à ce que l'Aïd se déroule normalement» dans leur département. «Aujourd'hui encore, il n'y a eu aucune avancée», regrette-t-il, soulignant que le Var abrite dix lieux d'abattage rituel temporaires. Trente-neuf abattoirs agréés en Paca.
La seule structure garantissant le respect des règles d’hygiène et de sécurité dans les Alpes maritimes se situe dans le quartier de la Bastide à Escragnolles. «La communauté musulmane est montrée du doigt quand les bêtes sont tuées en dehors des abattoirs dans des conditions dangereuses…», a pesté Mohamed Djadi. En effet, le sacrifice dans des conditions qui ne respectent pas les conditions d’hygiène peut en effet présenter un risque pour la santé humaine. Certaines parties du corps de l’animal ne doivent absolument pas être consommées : une partie de la tête et de l’intestin, la moelle épinière, la rate.