«Il importe […] que, dans des délais courts, les pouvoirs publics mettent en œuvre une réforme de la compensation, fondée sur la concertation pour permettre l’évolution du système vers des dispositifs alternatifs», indique le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son rapport 2012 qui relève les failles de l’économie nationale et leurs incidences sur le plan social.
Le Conseil note que malgré les 5,7 milliards de dirhams d’économie occasionnée par l’augmentation en juin 2012 des prix des carburants, cette mesure n’a pas suffi à alléger les dépenses de l’Etat liées à la compensation. Au contraire, elles se sont accrues de plus de 12% pour atteindre près de 55 milliards de dirhams, selon les données de Bank Al Maghrib, quand le budget alloué par l’Etat n’était que de 45 milliards de dirhams. Cela a participé à un plus grand creusement du déficit budgétaire. Lequel a atteint un niveau record en 2012, soit 7,6% du PIB.
Meilleur moyen pour retrouver l’équilibre
Pour le CESE, la meilleure issue pour le Maroc actuellement est la réduction des charges liées aux subventions des produits de base. Il en résulterait d’importantes économies «pouvant être orientées vers le financement d’un système d’aide directe à destination des plus démunis, et de mettre en place les mesures nécessaires pour le maintien du pouvoir d’achat des classes moyennes, en particulier par une prise en charge directe d’une partie du financement de la couverture sociale», recommande l’institution présidée par Chakib Benmoussa.
Parallèlement, le Conseil appelle le gouvernement à une réforme de la fiscalité, la TVA notamment, ainsi que celle des retraites. Toutes ces réformes sont d’après l’institution «indispensables» pour la réussite des différents chantiers sociaux-économiques engagés par le gouvernement marocain.
Sur les questions liées aux réformes à entreprendre pour une meilleure santé économique et sociale et Maroc, le rapport du CESE est quasi-similaire à celui de Bank Al Mahgrib parue quelques semaines plutôt. La banque centrale appelle elle aussi à réformer dans les plus brefs délais, la caisse de compensation, les retraites et la fiscalité. «Ces réformes aussi difficiles et impopulaires soient-elles sont les seules à même de rétablir les équilibres macro-économiques» du royaume, martelait le Wali de BAM, Abdelatif Jouahri.
Un dossier qui tarde
C’est ce même son de cloche qu’émet le Fonds monétaire international (FMI) depuis plus d’un an. Mais il faut dire que dans ces cas, l’institution de Bretton Woods exerce une sorte de pression sur l’Etat marocain. En reconduisant la ligne de précaution de 6 milliards de dollars en juillet dernier, le Fonds a une fois de plus insisté sur l’urgence des réformes, de la compensation notamment.
En début d’année, le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Najib Boulif, avait pourtant annoncé la réforme pour le mois de juin. Deux mois après, toujours rien. Il est vrai que la récente crise politique qu’a connue le gouvernement Benkirane a quelque peu freiné certains dossiers urgents. Cependant, l’on assiste depuis peu à des changements conséquents, sans que le gouvernement n’en parle ouvertement. En effet, la presse révélait, en juillet dernier, l'adoption de l'indexation du prix du pétrole. Une mesure dont le consommateurs sentira l'effet en cas de hausse des prix sur les marchés internationaux.