C’est certainement le début d’une nouvelle phase pour l’un des plus anciens projets de coopération entre le Maroc et l’Espagne. A l'occasion de la session de fond du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) qui se tient à Genève, l’institution a examiné l’état d’avancement du projet de liaison fixe via le Détroit de Gibraltar, destiné à mettre en place un tunnel à double voie entre les deux pays, rapporte l'agence de presse Xinhua. Un rapport du secrétariat général de l’ONU sur les activités réalisées entre 2006 et 2013 ainsi que le programme proposé pour la période 2013-2015 a été présenté à cet effet.
Un vieux projet datant de 1979
Pour mémoire, ce projet est vieux d’une trentaine d’années à présent, puisque les accords bilatéraux sur les études de faisabilité ont été signés en 1979 par les rois Hassan II et Juan Carlos 1er. On n’en a pas beaucoup entendu parler jusqu’en 2003, lorsque le Maroc et l’Espagne signaient un nouvel accord pour étudier la possibilité de creusement d’un tunnel ferroviaire sous-marin connecté au réseau ferré des deux pays.
En 2008, le projet a une nouvelle fois fait parler de lui, car sa réalisation semblait compromise en raison de la structure géologique du détroit de Gibraltar. Mais les entreprises chargées des études de faisabilité - Société d'études du Détroit de Gibraltar (SNED-Maroc) et la Société d'études de la communication fixe à travers le Détroit de Gibraltar (SECEG-Espagne) – ont finalement conclu à un résultat positif.
Les études ont validé la faisabilité d'un tunnel d'une quarantaine de kilomètres reliant Tarifa en Espagne à la région de Malabata près de Tanger ( 310 km au nord de Rabat), dont 28 km sous la mer à une profondeur de 300 mètres. Un résultat bien au-dessus des dimensions prévues dans le projet (38,7 kilomètres de longueur).
Fin prêt d’ici 2025 ?
La construction du tunnel se fera en trois phases. La première concerne le creusement du tronçon sous-marin du tunnel de service comme galerie de reconnaissance. Viendra ensuite la construction et la mise en service de la première galerie ferroviaire. Enfin, la construction de la seconde galerie ferroviaire en fonction de l’évolution du trafic du premier tunnel qui «pourrait voir le jour d’ici 2025».
Par ailleurs, la mise en œuvre de ce projet titanesque nécessite un financement estimé à plus de 5 milliards d’euros. L’ONU voit en sa réalisation, la possibilité de «valoriser les potentiels de développement» d’Europe et d’Afrique. Ce qui ferait de ce tunnel une véritable «plateforme logistique de premier ordre au plan mondial». «A l'échelle transcontinentale et du bassin méditerranéen, le projet sera un lien fort, continu et pérenne des systèmes de transport. Il constituera un hub intercontinental, grâce à sa position de porte d'entrée de la Méditerranée», note l’ONU dans son rapport.
Un projet qui n’a pas toujours fait l’unanimité au Maroc
Aussi grandiose et prometteur puisse être ce projet, il faut dire qu’il n’a pas toujours fait l’unanimité au Maroc. Et ce, en raison notamment de son coût exorbitant. Ses détracteurs faisaient valoir les nombreux défis sociaux et économiques du royaume. Qu'en est-il aujourd'hui où le Maroc connait de lourdes difficultés financières, ainsi qu'une économie en crise? L’intérêt porté au projet par l’ONU semble annoncer une étape déterminante dans la réalisation du tunnel reliant le Maroc à l’Espagne. Mais pour l’instant, le mode de financement reste inconnu et le gouvernement marocain ne s’est pas encore prononcé à ce sujet.
Le projet du tunnel entre le Maroc et l'Espagne en bref