L’heure est à la sécurité maximale. Le Centre national de renseignement espagnol (CNI) a conçu un dispositif spécial de surveillance des lignes maritimes espagnoles concernées par l’opération Transit cet été : Algesiras, Tarifa, Alicante, Almeria, Malaga et Motril, rapporte le site El Confidential, citant des sources proches du dossier. L’objectif est de détecter les jihadistes fichés par la police espagnole et qui essaieraient d’échapper à la justice en infiltrant les rangs des nombreux vacanciers qui traversent le détroit.
Cette opération se fait avec l’aide du Maroc lié à l’Espagne par un partenariat de coopération policière qui inclut la lutte anti-terroriste, d’après les mêmes sources. Rabat aurait ainsi mandaté des experts en salafisme appartenant aux services secrets marocains pour renforcer les équipes mises en place dans les différents ports espagnols.
Les jihadistes chercheraient à se réfugier au Maroc
Il faut dire que depuis le démantèlement récent à Sebta et Melilia d’un réseau de jihadistes proche d’Al Qaïda, la police espagnole a renforcé son dispositif sécuritaire d’abord dans les deux villes autonomes, puis dans le reste du pays. D'autant qu'après investigation, les services secrets espagnols ont révélé que la situation était devenue «explosive» dans les deux enclaves. Actuellement, plusieurs jihadistes chercheraient à se réfugier au Maroc, en Tunisie, Algérie, Lybie ou Egypte, d'après les mêmes sources. D’autres seraient même prêts à rejoindre les groupes terroristes au Mali.
Le dispositif sécuritaire est certes mis en place pour tous les jihadistes séjournant en Espagne, mais surtout pour mettre le main sur deux d’entre eux: Abdellatif lalal, 38 ans et Yashin Ahmed, 28 ans. Les deux hommes ont réussi à échapper au coup de filet de la police à Sebta. L’hypothèse selon laquelle ils pourraient, au lieu d’aller vers le Maroc, chercher à rejoindre les communautés islamiques de Catalogne, de Valence ou de Madrid, n’est pas écartée. La sécurité a toutefois été renforcée au niveau de la frontière entre le Maroc et l'enclave espagnole de Sebta.
Les agents à bord des ferries
Plusieurs agents ont ainsi été déployés dans les différentes enclaves et lignes de la traversée du détroit. Mais, certains travaillent directement à bord des ferries. Le CNI y a associé des agents de terrain du Centre national de coordination antiterroriste espagnol (CNCA). Tous travaillent en étroite collaboration avec les éléments des services secrets marocains envoyés par Rabat.
Il devient de plus en plus clair que le Maroc et l’Espagne sont menacés, surtout après la sortie médiatique d’Al Qaïda au Maghreb (AQMI) en début de semaine. Le groupe terroriste accusait le roi Mohammed VI de coopérer avec «l’occupant» de Sebta et Melilia, appelant à la récupération des deux villes autonomes. Rabat et Madrid restent donc sur leurs gardes.