Près de moitié des immigrés de seconde génération d’Espagne se sentent espagnols. La conclusion est celle d’une étude longitudinale sur la seconde génération en Espagne (Investigación Longitudinal sobre la Segunda Generación en España), élaborée par l’Institut universitaire Ortega y Gasset, en collaboration avec l’université de Princeton et dont les résultats viennent d’être rendus publics hier, lundi 13 mai.
L’enquête en question a été réalisée auprès de 180 écoles, située à Madrid et Barcelone, en deux phases. La première, faite entre 2007 et 2008, a concerné 7000 élèves, âgés entre 12 et 14 ans, nés en Espagne ou arrivés avant l’âge de 12 ans sur la péninsule ibérique, et dont au moins l’un des parents est d’origine étrangère, explique l’étude. Les parents des interrogés sont de différentes nationalités, 63 au total. Parmi ces derniers, 426 sont originaires du Maroc, 170 résident à Madrid et 256 à Barcelone.
Lors de la seconde phase, réalisée quatre ans plus tard, près de 5300 des interrogés ont été recontactés par les enquêteurs dans le but de mesurer le degré de leur intégration en Espagne et de voir comment ils ont évolué, durant cette période, dans différents domaines tels que l’éducation ou l’intégration.
Intégration lente mais efficace
Pour Alejandro Portes, professeur de sociologie à Princeton, membre aux Etats-Unis de la prestigieuse Académie nationale des sciences et Rosa Aparicio, professeure à l’Institut universitaire Ortega y Gasset, ayant tous les deux participé à l’élaboration de l’étude, l’intégration des enfants d’immigrés est lente, mais efficace toutefois. «Il existe un processus d’intégration lent, mais constant en Espagne» et où «les enfants d’immigrés sont tellement intégrés dans la société qu’il ne semble pas y avoir une différence entre eux et les autochtones», expliquent les deux auteurs, cités par Europa Press.
Lors de la première phase de l’enquête, seuls 28,7% des interrogés se sentaient vraiment espagnols. Quatre ans plus tard, ce même chiffre a, en effet, augmenté de 20 points de base. Aujourd’hui, près de la moitié d’entre eux se considèrent comme tel. Les réponses récoltées varient, toutefois, selon le lieu de naissance, souligne l’étude.
90% des fils d’immigrés ne se sentent pas discriminés
Autre conclusion saisissante de l’étude, la grande majorité de ces enfants d’immigrés, soit 90%, disent ne pas ressentir de discrimination en Espagne. «Les enfants d’immigrés se sont bien intégrés avec la jeunesse espagnole, leurs différences avec les autres enfants, nés de parents espagnols, sont de moins en moins apparentes», note Alejandro Portes. L’enquête s’est également penchée sur le revenu des ménages dont sont issus ces enfants. Et là, mauvaise nouvelle : leurs familles sont «nettement plus pauvres» que les familles espagnoles. 65% d’entre eux vivent avec moins de 1500 euros, contre 38% des Espagnols qui vivent avec le même niveau de revenu.