Peine maximale pour un couple d’homosexuels, à Souk Al Arbaa, au nord de Kénitra. Les deux hommes ont été condamnés, lundi 6 mai, à 3 ans d’emprisonnement et 1000 dirhams d’amende pour avoir entretenu, pendant 10 ans une relation homosexuelle, rapporte Al Akhabar, conformément à l’article 489 du code pénal. L’article condamne «quiconque commet un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe».
Leur histoire a été découverte par la police parce que l’un des deux hommes est venu porter plainte contre son compagnon pour viol devant la gendarmerie royale. Il l’a accusé de l’avoir violé pendant son sommeil, mais l’enquête a révélé que les deux hommes entretenaient une relation homosexuelle et adultère, puisque chacun d’eux était marié de son côté, depuis une dizaine d’années.
Deuxième condamnation ?
En portant plainte, le premier espérait mettre un terme au harcèlement dont il souffrait de la part de son compagnon pour avoir voulu stopper leur relation. Mal lui en a pris : il écope également de 3 ans de prison. Lors du procès, les épouses trompées des deux hommes ont demandé la peine maximale. L’une d’elle a expliqué qu’elle n’aurait pas joint sa voix à celle de l’accusation si son mari l’avait trompée avec une femme plutôt qu’avec un homme.
Un autre couple d’hommes pourrait également être condamné pour homosexualité par le tribunal de Temara, au sud de Rabat, dans les prochaines semaines. Arrêtés le 6 mai, incarcérés à la prison de Salé, leur procès a été reporté pour la seconde fois, hier, par le juge, indique l'AFP. La prochaine audience aura lieu le 20 mai. Les deux hommes, âgés de 20 et 28 ans, auraient été surpris sur le fait, le 6 mai. «Ils ont été arrêtés alors qu'ils étaient tous les deux dans la voiture de l'un d'entre eux», a indiqué l'un des deux avocats, selon RTL. Aucun d’eux n’aurait cherché à cacher son homosexualité, selon Assabah.
Campagne anti-homophobie
Ces deux affaires interviennent à quelques jours de la journée internationale de lutte contre l’homophobie, le 17 mai, et alors qu’une campagne de lutte contre l’homophobie a été lancée au Maroc via Facebook. La page Aswat Magazine LGBT, a été créée le 1 er avril 2012, et depuis le début de mois de mai, des homosexuels, bi et transsexuels marocains postent des photos d’eux même, un panneau porté au niveau du visage pour masquer leur identité.
Sur les panneaux, il est, par exemple, écrit «Je suis gay et je peux aimer. Si je n’étais pas gay, je n’aurais pas appris 4 langues. J’ai eu besoin de ces langues après avoir été rejeté par ma société. […] Mon homosexualité est responsable de 90% de ma connaissance et de ma culture.» D’autres ont écrit : «l'homophobie n'a pas de religion, Je suis musulman et contre l'homophobie», ou encore «Mon homosexualité ne te fait pas de mal, alors ne me fais pas de mal avec tes regards et tes insultes. Mon identité sexuelle ne concerne que moi.»