« On va pas donner sans arrêt le bâton pour se faire battre. Ça, on n'a plus envie de le revivre, plus de matchs contre l'Algérie, contre le Maroc, contre la Tunisie au Stade de France. (...) Comme ça ce public sera privé de son équipe (...) On ne peut pas tolérer que nos joueurs français soient sifflés en permanence durant le match, que notre Marseillaise soit sifflée ».
François Fillon
« C'est insultant pour la France, c'est insultant pour les joueurs de l'équipe de France et ça n'est pas tolérable. C'est un manque de considération, de respect pour toute une nation »
Brice Hortefeux
« Les valeurs de la République ne se négocient pas et certains symboles ne s'insultent pas. Le message que la France adresse aux étrangers comme aux Français, d'origine étrangère ou non, doit être celui du respect des différences et du partage des valeurs républicaines »
Jean-Marie Le Pen
« Une fois de plus, on entend des petits cris d'indignation, les plaintes de ministres et autres personnalités politiques qui se disent choqués ou se désolent. En revanche, on fait silence sur la conclusion qui s'impose : ces Français qui sifflent l'hymne national prouvent qu'ils ne sont que des Français de papier, et que l'intégration de masses étrangères à notre culture est un échec parce que c'est une utopie »
Jean-Pierre Escalettes, Président de la Fédération française de football (FFF), a été convoqué par la suite par Nicolas Sarkozy. Bernard Laporte suggère que les Bleus ne jouent plus contre les équipes du Maghreb au stade de France. Bref, autant de réactions qui cultivent toujours plus de méfiance, voire de haine, d'incompréhension, de peur ainsi que tous les préjugés qui peuvent en découler. Le dialogue s'annonce rude.
On le sait. Cet incident n'est pas le premier du genre. Durant les matchs qui opposaient la France au Maroc, à l'Algérie, ou encore à l'Italie et à Israël (match à l'extérieur pour ces deux derniers), la Marseillaise fut sifflée. Le questionnement est donc plus que permis. Sans pour autant entrer dans la spirale de l'amalgame, pourrait-on associer les déboires des matchs opposant l'hexagone aux pays du Maghreb à un phénomène de dynamique de groupe ? De par les sifflements émis lors d'anciens matchs (Maroc et Algérie), le mimétisme peut s'ancrer naturellement.
Certains plaisantins n'hésitent pas à nuancer les sifflets : "Ce n'est pas la Marseillaise qui était sifflée, mais la chanteuse Laam". Pas très gentil pour la frano-tunisienne qui voulait "chanter pour ceux, qui sont loin de chez eux". La raison est évidemment à chercher ailleurs.
« Il y a peut-être à se pencher sur pourquoi ces hommes et ces femmes, et notamment tous ces jeunes (...) qui éprouvent le besoin de siffler la Marseillaise », confiait Marie George Buffet à la suite du match. Faire de cet incident un débat politique ne ferait qu'augmenter la souffrance de ces « gens qui ne se sentent pas bien chez nous », selon les dires de la secrétaire générale du PCF. Arrêter le match, ou interdire les rencontres entre la France et les pays du Maghreb au stade de France ne seront pas pour redorer le blason de la France Black-Blanc-Beur.
14 Octobre 2008: France-Tunisie, marseillaise sifflée