Interpellée l’année dernière par l’Association des personnes affectées par l’extorsion au Maroc (AAEM) au sujet des entreprises espagnoles accusant Addoha d’escroquerie, l’Union européenne (UE) estime ne pas avoir «de compétence pour agir dans cette affaire». La réponse de Bruxelles aurait été ainsi donnée par le chef adjoint de la délégation de l'UE au Maroc, Camélia Suica, rapporte la station radio ibérique Cadenaser.com. En effet l’AAEM avait porté l’affaire des entrepreneurs espagnols au Parlement européen en espérant que les eurodéputés en discutent sur la base de l’accord d’association liant Rabat à Bruxelles.
Dans le cadre de cet accord signé en 2000, l'UE s'était engagée à poursuivre l'amélioration du climat des affaires au Maroc et dans les relations avec les commerçants européens et lutter contre les fautes possibles de personnes dans leur entreprise. Mais après examen du dossier, «nous pouvons conclure que le Maroc n'a pas violé les dispositions de l'accord d'association Maroc-UE», aurait affirmé Camélia Suica.
Seule la justice peut trancher
Cela fait maintenant plus de deux ans que des entreprises espagnoles se plaignent de «pratiques mafieuses qu’elles subissent au Maroc». Deux d’entre elles, tout particulièrement, accusent Addoha de leur avoir extorqué près de 8 millions de dollars. Les autorités marocaines et espagnoles sont restées si indifférentes à leurs plaintes que l’AAEM a traité le gouvernement chérifien de complice dans cette affaire. Quelques temps plus tard, Addoha a riposté en portant plainte pour diffamation. Chose curieuse, le groupe d'Anas Sefrioui faisait allusion aux propos injurieux tenus par les entrepreneurs, sans démentir au sujet des 8 millions de dollars. La plainte a finalement été jugée injustifiée par le Tribunal d'instruction de Séville.
Egalement saisie par l’AAEM, l’ambassade d’Espagne à Rabat se dit incompétente pour se prononcer dans cette affaire, d’autant que cela concerne un accord contractuel entre deux acteurs privés. Dans de tels cas, «c’est la justice qui a le dernier mot, parce que quand il s’agit de délit, c'est elle qui doit décider», estime Maria Pena, conseillère économique et commerciale de l'ambassade. Cette dernière estime que les entreprises espagnoles qui investissent au Maroc devraient disposer de suffisamment de moyens financiers ainsi que de bons conseillers juridiques pour éviter ce genre d’incidents.
Rabat, silencieux après une promesse
Lors de sa dernière visite à Madrid début avril, le ministre délégué aux Affaires étrangères, Youssef Amrani, promettait à son homologue espagnol que «s’il y eu arnaque, les responsables [de ces escroqueries, ndlr] seront punis». Il a également affirmé que l’affaire est devant les tribunaux. Mais depuis combien de temps et jusqu’à quand ? Difficile à dire, puisque Rabat communique très peu sur le sujet. Nous avons tenté en vain de joindre le département de Mr Amrani.