Rachida Dati est sous les feux de la rampe cette semaine en France. Non pas à cause de son retrait de la Primaire UMP des Municipales 2014, mais à cause de la sortie demain 25 avril d’une BD intitulée «Rachida, au nom des pères» réalisée par Yves Derai, Bernard Swysen et Marco Paulo, rapporte le Figaro.
Qui est le père de Zohra ?
Il s’agit d’une BD satirique qui a crée la colère de la maire du VIIe arrondissement de Paris. Mettant en scène Rachida Dati et sa fille Zohra, l’histoire raconte l’enquête menée par un détective privé, recruté par un mystérieux client, qui lui demande de retrouver le père de la fille de Dati. En plus de se retrouver au cœur de cette enquête, les auteurs de la BD caricaturent également le quotidien politique de Dati en insistant sur les magouilles et les querelles régnant au sein de l’UMP.
On y voit aussi une Dati machiavélique, capricieuse et hystérique. Mais l'ancienne Garde des Sceaux n’est pas prête à laisser cette BD lui faire de l’ombre. Lundi 22 avril, elle a demandé à la justice d’interdire la BD. Elle estime qu’elle porte atteinte à sa vie privée. De plus, elle réclame 100 000 euros de dommages et intérêts. Si la justice ne lui donne pas raison, elle a demandé au moins qu’il y ait une banderole sur le livre mentionnant que la BD est une atteinte à sa vie privée et de celle de sa fille.
"Un personnage de BD formidable !"
De leur côté, les éditeurs et créateurs de la BD ne sont pas surpris par sa demande d’interdiction de la BD mais qualifie sa réaction de «disproportionnée». «C’est une BD plutôt potache, sans vulgarité, sans scène de sexe, sans violence…(…) L’enjeu de cette BD, c’est d’être dans la satire et la caricature et de raconter les coulisses de la politique. Rachida Dati est un personnage de BD formidable».», précisent-ils à Médiapart.
Néanmoins, ils ne comprennent pas comment Rachida Dati peut accuser cette BD de porter atteinte à sa vie privée alors qu’elle-même a, les années passées, donner des interviews à des magazines people, en allant même jusqu’à accepter qu’on la photographie avec sa fille. «En ce qui concerne la représentation de sa fille, nous nous sommes attachés à ne pas chercher à la dessiner, nous avons choisi de lui donner le visage de sa mère, pour en faire une ‘mini-Dati’ alors qu’elle même a exposé sa fille dans Paris Match, avec des photos autorisées. Ce n’est pas surprenant en fait», ajoute-t-il.
La BD ne sera certainement pas censurée
Un avocat parisien à qui le Nouvel Observateur a donné la parole, reste quant à lui sceptique de voir la BD interdite. «À supposer qu’il y ait atteinte à la vie privée, Rachida Dati n’obtiendrait sûrement pas l’interdiction de publication de l’ouvrage.», estime l’avocat. « En France, les cas d’interdiction sont rarissimes : par exemple, "Le Grand Secret" du Docteur Gubler, qui révélait le cancer de François Mitterrand, avait été interdit, mais la France avait par la suite été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme, au nom de la liberté d’expression. Cette bande dessinée n’a donc aucune chance d’être interdite.», conclut-il. C’est aujourd’hui, mercredi 24 avril, que la justice décidera si la BD sera interdite ou non.