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Grand Angle

Moul hout et la sardine à 5 dirhams : Robin des bois ou buzz marketing ?

Les vidéos d'un poissonnier à Marrakech sont devenues virales en vendant des sardines à un prix exceptionnellement bas de 5 dirhams le kilogramme, suscitant un débat sur l'accessibilité des produits de la mer et l'influence négative des intermédiaires sur le marché de la sardine au Maroc. Robin des bois ou buzz marketing ?

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Temps de lecture: 3'

À l'approche du Ramadan, période de forte consommation au Maroc, un poissonnier de Marrakech a créé la surprise sur internet. Ce jeune commerçant a défié à la fois ses clients et ses collègues en proposant des sardines—un incontournable de l'Iftar et l'une des options de produits de la mer les plus accessibles—à un prix défiant toute concurrence.

Alors que le prix des sardines oscille généralement entre 15 et 25 dirhams le kilo, ce vendeur audacieux les a mises en vente à seulement cinq dirhams le kilo. Ses vidéos ont rapidement fait le tour du web, provoquant l'étonnement face à cet écart de prix considérable.

Devenu une véritable star du net, surnommé «Moul Lhout», il est salué comme un défenseur des plus démunis et affirme vouloir «exposer» les pratiques des «spéculateurs et intermédiaires». Ce geste a déclenché un vif débat sur le prix des sardines et l'accès aux produits de la mer dans un pays bordé par l'Atlantique et la Méditerranée.

Mais est-il vraiment possible d'acheter des sardines à cinq dirhams le kilo sur les marchés, compte tenu de la chaîne d'approvisionnement complexe impliquant pêcheurs, grossistes et détaillants ? Au Maroc, deux systèmes de vente coexistent selon la localisation des ports.

Les grossistes dénoncent le rôle des intermédiaires

Dans le sud, où les sardines abondent, les prix payés aux pêcheurs sont fixés à 3,20 dirhams le kilo, couvrant les ports d'Agadir jusqu'à Dakhla. En revanche, dans le nord, au-delà d'Agadir, les prix varient selon l'offre et la demande.

Mohamed*, grossiste au port de Safi, réputé pour ses sardines de qualité, a confirmé à Yabiladi que dans ces ports, les sardines sont vendues aux enchères, avec un prix de départ de 3 dirhams le kilo.

Contestant les affirmations du vendeur de Marrakech, Mohamed explique que le commerce des sardines est bien plus complexe. Plusieurs facteurs contribuent à l'augmentation des prix avant que le poisson n'atteigne les consommateurs.

Les prises sont d'abord amenées à un centre de tri, localement appelé Dlala, où elles sont mises aux enchères. «Malheureusement, elles sont souvent rachetées par les propriétaires des bateaux eux-mêmes, via des sociétés au nom de leurs proches, pour 3,20 dirhams le kilo», dénonce Mohamed.

Selon lui et d'autres grossistes, ce système interne fait grimper les prix. «Une deuxième enchère illégale se déroule ensuite sur le quai», affirment-ils. «Ceux qui achètent à 3,20 dirhams le kilo revendent aux grossistes pour 13 à 15 dirhams le kilo, soit 280 à 300 dirhams par caisse de 24 kilos», explique Mohamed.

Les prix directement du port de Safi

Jeudi dernier, Mohamed et d'autres grossistes ont payé 250 dirhams par caisse, soit 10 dirhams le kilo. Les prix peuvent encore augmenter en fonction de la rareté et des périodes de repos biologique en janvier et février. «Récemment, nous avons payé jusqu'à 450 dirhams par caisse. Aujourd'hui, j'ai acheté trois camions à 250 dirhams la caisse», précise Mohamed.

Les grossistes pointent du doigt les intermédiaires «créés par les propriétaires de bateaux» et critiquent les multiples taxes qu'ils doivent supporter.

«Nous sommes accablés par des taxes obsolètes, comme la taxe filet de 10% censée soutenir les pêcheurs», se plaint un autre grossiste. «Cette taxe date d'avant l'indépendance. Il y a aussi une taxe de 13,65% et une autre de 7% sur les marchés, que nous vendions ou pas. Si je change de marché, je dois à nouveau payer cette taxe», ajoutent-ils. Les propriétaires de bateaux paient quant à eux une taxe unique de 16%.

«Nous ne comprenons pas comment le fameux moul hout arrive à vendre à des prix aussi bas, c'est économiquement impossible !», affirment plusieurs grossistes à l'unissons. Ils soupçonnent qu'il pourrait vendre «des sardines congelées ou destinées aux usines», ou qu'il s'agit simplement d'une stratégie marketing pour gagner des «likes et partages» et in fine de la notoriété.

Les industriels remettent en question la faisabilité des sardines à 5 dirhams

Même les sardines destinées aux usines coûtent plus cher que celles proposées par le vendeur de Marrakech. Un professionnel d'une usine de transformation de sardines a indiqué à Yabiladi que les industriels achètent actuellement les sardines à 7 dirhams le kilo. «Cela est dû à la situation à la période de repos biologique et à la demande accrue pendant le Ramadan», explique-t-il.

«Depuis l'année dernière, avec ou sans période de repos, les prix pour les industriels restent à environ 7 dirhams le kilo», ajoute-t-il. Les usines achètent en gros, entre 10 et 40 tonnes à la fois, pour une production nécessitant jusqu'à 100 tonnes par jour.

«Si cet homme peut vendre des sardines de qualité à 5 dirhams le kilo, nous sommes prêts à lui acheter 100 tonnes par jour», affirme le représentant de l'usine.

Les fabricants achètent deux types de sardines : celles destinées à la consommation et un autre type, le guano, utilisé pour la farine de poisson. «Ces sardines ne sont pas destinées à la consommation humaine ; elles sont transformées en farine pour l'alimentation animale», précise notre source. «Elles se vendent à 2 dirhams le kilo, parfois moins.»

Yabiladi a tenté de joindre Moul Lhout à plusieurs reprises, pour comprendre comment il parvient à vendre ses sardines à ce prix tout en réalisant un profit, mais en vain. Ses livreurs ont indiqué qu'il était trop occupé pour répondre.

Tradiprogress
Date : le 28 février 2025 à 16h40
Autorité et intermédiaire sont de mèche. Il faut voir les sommes dont on parle,chaque jour au marché de gros de casa par exemple. Pillage en bande organisee,collusion entre les politiques et le monde des affaires, protection au niveau judiciaire,conflit d'intérêts et trafic d'influence bl3alali . Un état mafia.
Citation
HopeFloats à écrit:
Pour résumer, si on met fin à cette pratique qu'on appelle "l'intermédiaire", les prix exorbitants disparaissent et le consommateur trouvera son bonheur, donc, la balle est dans le camp des autorités pour protéger les consommateurs de la cupidité des "intermédiaires".
Berkshire
Date : le 28 février 2025 à 16h32
Je rappelle que le porte parole du gouvernement avait avoué que “nul ne nie” l’existence des intermédiaires spéculateurs et leur impact sur les prix, avant d’ajouter “je ne sais pas qui sont ces spéculateurs, si quelqu’un les connait qu’il informe le gouvernement” !!!! perplexe http://akhbarona.aljalia.ma/2023/03/26/%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%BA%D8%B1%D8%A8-%D9%8A%D9%81%D9%83%D9%83-%D8%A7%D9%84%D8%AE%D9%84%D8%A7%D9%8A%D8%A7-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D8%B1%D9%87%D8%A7%D8%A8%D9%8A%D8%A9-%D9%88%D9%84%D8%A7-%D9%8A%D8%B9%D8%B1/ Donc on risque une grosse déception si on compte sur les autorités sous ce gouvernement pour protéger le consommateur de ces spéculateurs …. Un gouvernement dont certains membres sont impliqués dans des conflits d’intérêts comme jamais vu auparavant …
Citation
HopeFloats à écrit:
Pour résumer, si on met fin à cette pratique qu'on appelle "l'intermédiaire", les prix exorbitants disparaissent et le consommateur trouvera son bonheur, donc, la balle est dans le camp des autorités pour protéger les consommateurs de la cupidité des "intermédiaires".
HopeFloats
Date : le 27 février 2025 à 23h52
Pour résumer, si on met fin à cette pratique qu'on appelle "l'intermédiaire", les prix exorbitants disparaissent et le consommateur trouvera son bonheur, donc, la balle est dans le camp des autorités pour protéger les consommateurs de la cupidité des "intermédiaires".
AL MASSIRA
Date : le 27 février 2025 à 22h40
Économiquement possible ou pas, ce jeune devenu une véritable star en quelques heures a tout de même bien fait. Il met un problème sur la table, problème que des responsables font semblant d’ignorer. Supposons même que c’est rentable à partir de 7 ou 10 dirhams, l’acte de ce jeune a provoqué un véritable débat public et c’est l’essentiel. Il faut réglementer pour que les pêcheurs gagnent leur vie et que les intermédiaires se calment. Le repos biologique a toujours existé mais l’explosion des prix n’est apparue que cette année. C’est étrange.
Benoona
Date : le 27 février 2025 à 22h13
Le sardne a' 5 DH au lieu de 25 dh a' casa, la viande aujourd'hui 50-60 dh au lieu de 120 Dh. Les pauvres et la classe moyenne marocaine ont assez souffert. À mon avis, le problème n'est pas les intermédiaires, le problème est que les autorités participent aux escroqueries au Maroc. Pourquoi ne voit-on pas cela en Europe ? C'est simple, parce que les autorités ne participent pas à l'escroquerie. L'anarchie doit prendre fin maintenant et rapidement
Dernière modification le 28/02/2025 16:40
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