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Grand Angle

Diaspo #376 : Rachida Mezyaoui, au service des immigrés, de la famille et de l’intégration

Marocaine résidente en Italie, Rachida Mezyaoui a réussi à construire une carrière riche qui combine travail communautaire et études universitaires. Elle tient ainsi un rôle de premier plan dans les droits des enfants et le soutien des familles immigrées. Native de Fqih Ben Saleh, elle a pu acquérir une vaste expérience en droit, en médiation familiale et en migration.

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Rachida Mezyaoui (milieu)
Temps de lecture: 4'

En Italie, Rachida Mezyaoui est l’une des pionnières marocaines dans le travail communautaire et la défense des droits de la famille et de l’enfant, notamment en lien avec les questions d’immigration et d’intégration sociale. Grâce à sa riche expérience académique et professionnelle, elle a réussi à combiner action sociale, études juridiques et anthropologiques, ce qui lui a donné un rôle central dans les interventions portées sur la cohésion familiale.

Née le 29 décembre 1976 à Fqih Ben Saleh, Rachida a décroché sa licence en droit privé à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Moulay Ismaïl de Meknès, puis un master en «religion, culture et migration» à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Mohammed V de Rabat. Elle a d’abord envisagé de poursuivre ses études en France, avant que le destin n’en décide autrement. En 2002, elle rejoint sa famille en Italie, où elle tente de continuer son cursus. Confrontée aux obstacles administratifs, elle doit redoubler pour terminer ses études.

«Cela m’a éloignée temporairement des études et de l’université, alors je me suis immergée dans le domaine du travail, mais en même temps je me suis impliquée dans la pratique de l’action communautaire», nous a-t-elle déclaré. Dans le pays d’accueil, Rachida s’active aux côtés d’étudiants, de professeurs italiens et de certains Palestiniens pour promouvoir la cause palestinienne au sein du «Groupe du mouvement palestinien».

«Nous avons travaillé pour soutenir l’école Al Amal du camp d’Aïda à Jénine. Pour moi, c’était un prolongement de mes années de scoutisme au Maroc, où j’étais cadre pédagogique au sein des Scouts Mohammadis. J’ai participé à de nombreuses formations organisées par le ministère de la Jeunesse et des sports, destinées à l’époque aux cadres pédagogiques.»

Rachida Mezyaoui

Une action sociale pour l’intégration des travailleurs et des familles

Par la suite, Rachida a rejoint le syndicat CISL pour aider les travailleurs étrangers, en leur fournissant un soutien juridique et social afin de protéger leurs droits professionnels et sociaux. Mais le rêve de terminer ses études a continué à la hanter. Elle réussit finalement à décrocher un master en médiation familiale, dans la ville de Parme. «J’ai travaillé ensuite pour obtenir une recommandation et ouvrir une branche en Italie de l’organisation Hna Wahed pour la défense de l’intégrité territoriale et du développement, qui a de nombreuses antennes au Maroc et dans le reste du monde», se rappelle-t-elle fièrement.

«Nous menons plusieurs activités entre la sensibilisation à la cause nationale et la culture marocaine, l’aide aux immigrés marocains et arabes en général, pour résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés, outre des actions de soutien à l’intégration au sein de la société italienne», décrit l’associative, qui retrouve encore l’envie de terminer des études et de se spécialiser dans les questions de la migration et de l’enfance.

«L’éducation des enfants en protégeant leur lien avec leur identité du pays d’origine était parmi les question qui me préoccupaient personnellement, ainsi que la plupart des mères immigrées. Le phénomène de retrait des mineurs de leurs familles sous prétexte d’être soumis à des violences psychologiques, physiques ou économiques de la part de leurs proches a été pour moi un moteur, d’abord en tant que mère et ensuite en tant que femme marocaine», nous confie-t-elle.

Rachida décide alors de rejoindre l’Université de Padoue pour poursuivre ses études en master «Islam européen», puis elle s’inscrit en master «religion, culture et migration» à l’Université Mohammed V de Rabat. «Il s’agit d’un cursus spécialisé et orienté vers les nationaux issus de l’immigration, en partenariat entre l’université et le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). C’était une occasion pour moi d’approfondir la recherche sur le sujet de la migration et des enfants, à travers l’accumulation de 20 ans d’expérience migratoire», décrit la chercheuse.

Dans le cadre de cette formation, Rachida consacre son mémoire de master au «retrait des enfants mineurs des familles marocaines en Italie – région Émilie-Romagne – un modèle d’approche socio-anthropologique».

«Ce travail universitaire m’a beaucoup aidée à comprendre les tenants et les aboutissant du phénomène. J’ai été motivée pour terminer ce parcours universitaire et rejoindre le cycle doctoral à l’avenir, afin de continuer la recherche scientifique sur les questions de la migration et des enfants au niveau mondial, et pas seulement en Italie.»

Rachida Mezyaoui

Sensibiliser à l’équilibre entre pays d’origine et d’accueil

Rachida estime que la préservation de l’identité culturelle marocaine est l’un des moyens fondamentaux de protéger les enfants contre une certaine aliénation due à la perte de repères. C’est pourquoi, elle a travaillé à sensibiliser et à initier la deuxième génération aux composantes culturelles nationales, à même de renforcer les liens d’appartenance à la famille et à la société.

Dans ce même sens, la chercheuse et associative travaille également à aider les mères immigrées à développer des approches éducatives auprès de leurs enfants. A son échelle, elle contribue à résoudre les problèmes des familles qui souffrent du risque de voir leurs enfants retirés en raison de plaintes pour violence psychologique ou physique, tout en leur permettant d’asseoir une certaine stabilité et une cohésion.

Aujourd’hui, Rachida Mezyaoui est également membre fondatrice de l’Académie internationale des femmes marocaines à l’étranger, qui regroupe des compétences féminines hautement qualifiées.

Article modifié le 17/02/2025 à 11h11

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