Près de deux mois après l’agression présumée du jeune Moad, belgo-marocain âgé de 14 ans, par des policiers dans le quartier d’Osseghem à Molenbeek en Belgique, l’enquête interne menée au niveau du Bourgmestre pour savoir ce qui s’est réellement passé, n’a rien donné. Les policiers accusés d’avoir insulté de «sale arabe» et frappé violemment le jeune adolescent n’ont pas été suspendus et continuent d’exercer leur fonction en toute impunité. «Cette enquête interne a conclu que les policiers impliqués dans l’agression de Moad, n’avaient aucune responsabilité dans les faits, une enquête menée sans avoir auditionné le principal concerné qui n’est autre que Moad, ce qui est assez extraordinaire !», lance ironiquement Vincent Lurquin, l’avocat de la famille de Moad, contacté par Yabiladi.
Pire encore, une dizaine de minutes de la vidéo filmant l’arrivée de Moad au commissariat de police, ont soudainement disparu, rapporte Capitale.be. La scène qui a disparu correspond au moment où Moad affirme avoir eu le visage écrasé sur une porte du commissariat avant d’être emmener en cellule. «On ne sait pas ce qui s’est passé durant ces 12 minutes et le commissariat avance qu’il y a eu un problème au niveau du compteur de l'heure, c’est un peu court», poursuit-il. Il tient à insister sur l'innocence de Moad, que ce dernier n’a rien fait de mal avant son interpellation par les policiers et que si ces derniers s’en sont pris à lui, c'est parce qu’il courait pour rentrer chez lui. Les policiers pensaient qu'il fuyait. Deux autres enquêtes en parallèle sont actuellement en train d’être menées au niveau du Parquet et au niveau de la police des polices.
Manifestation contre les violences policières
Pour Nordine Saïdi, porte parole belgo-marocain du mouvement Egalité, militant contre l’injustice et les inégalités sociales, trop c’est trop. «La Belgique est un pays européen mais les méthodes de la police belge ne sont pas différentes de celles des dictatures, comme celles du temps de Ben Ali en Tunisie», lâche-t-il. Il regrette que la Belgique accueille bon nombre d’organisations et d’institutions européennes, comme le Parlement européen censées militer pour le respect des droits de l’Homme et la dignité humaine, alors que dans les rues belges, certains policiers sèment la terreur et s’en prennent à des jeunes d’origine immigrée.
Le 15 mars prochain, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences policières, le mouvement Egalité se joint à une dizaine d’associations pour manifester à Bruxelles afin de dénoncer les violences policières, notamment à l’encontre des populations arabes et noires des quartiers populaires du pays. Une manifestation à laquelle la famille de Moad prendra part. «Aujourd’hui nous faisons face à un racisme institutionnalisé au sein de la police belge. Toutes les personnes d’origine maghrébine qui ont été agressées par la police ont reçu les mêmes insultes de «sales bougnoules», un vocabulaire devenu fréquent dans la bouche des policiers», déplore-t-il. Mais ce qu’il déplore encore plus est qu’aucun politicien, surtout ceux d’origine maghrébine, ne dénoncent haut et fort ces violences policières, de peur de se voir isoler au sein de leur parti politique.
Moad continue d’être menacé
En attendant que le Parquet ou que la police des polices rendent les conclusions de leur enquête, Moad continue de subir des menaces de certains des policiers qui l’ont passé à tabac. Il y a quelques jours, la mère de Moad a fait part à Nordine Saïdi que l’un des policiers a menacé son fils dans la rue en lui montrant son poing. Une rencontre qui n’a fait que stresser encore plus le jeune adolescent, encore traumatisé de l’agression dont il se dit victime.