Mort de Stéphane Hessel : Réaction de deux militants du 20 février

C’est dans la nuit de mardi à mercredi 26 février, à l’âge de 95 ans que Stéphane Hessel, ancien résistant, militant des droits de l’homme et écrivain français, est décédé à Paris. Auteur du célèbre ouvrage «Indignez-vous», il a aussi servi d'inspiration aux jeunes militants du Mouvement du 20 février, pendant marocain du Printemps arabe.

Indigné

Pour Abdullah Baâkil, militant du Mouvement du 20 février, avec sa disparition, c’est tout un symbole de la résistance qui disparait aussi. «Son message délivré dans son célèbre livre est universel et nous rappelle à l’ordre. Il nous dit qu’il ne faut jamais baisser la tête et ne jamais se laisser faire par le système», lance-t-il.

Vendu seulement à trois euros, «Indignez-vous» est sorti en 2010, quelques mois avant le déclenchement du printemps arabe, un mouvement qu’il a d’ailleurs soutenu, rappelle le Parisien. «Ce qu'ont démontré Tunisiens et les Egyptiens, c'est que l'islam moderne est parfaitement compatible avec une démocratie laïque», avait-il déclaré à l’époque. 

«Ce livre nous rafraichit la mémoire et rappelle que depuis maintenant une vingtaine d’années, on ne conteste plus les injustices sociales, et encore moins les règles du jeu du système politique et économique dans lequel on vit. La seule manière de réclamer son droit est de descendre dans la rue », ajoute Abdullah Baâkil.

Un fervent défenseur de la Palestine

«C’est une grosse perte pour le militantisme politique !», lâche Nizar Bennamate, également militant du M20F. Il confie que Stéphane Hessel fait partie des personnalités qui ont forgé sa personnalité politique lorsqu’il a pris la décision de se lancer, à 19 ans, dans le militantisme pour dénoncer, dans la rue, les injustices de la société marocaine. «Mon intérêt pour Stéphane Hessel remonte, bien avant la sortie de son livre «Indignez-vous !», à sa contribution à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, juste après la Seconde guerre mondiale, pour interdire que d’autres massacres ne se reproduisent dans le monde», explique-t-il.

Né dans une famille juive convertie au luthéranisme, Hessel est très vite devenu résistant durant la Seconde guerre mondiale. Cependant, il est arrêté par la Gestapo, torturé et est envoyé dans le camps de concentration de Buchenwald en Allemagne. Alors qu’il risque la pendaison, il arrive à s’évader du camp. Après la guerre, il devient diplomate et s’engage très vite dans le militantisme politique. Il était également connu pour prendre la défense des sans-papiers en France.

En plus de dénoncer les inégalités sociales, Stéphane Hessel était un ardent défenseur de la création d'un Etat palestinien et connu pour ses appels en faveur d’un boycott de produits israéliens. «C’est l’une des seules personnalités françaises d’aujourd’hui à avoir crié haut et fort son soutien à la Palestine en France, alors qu’on sait que ça devient de plus en plus difficile aujourd’hui d’exprimer un point de vue équilibré et objectif sur la question», estime Nizar Bennamate. Un soutien en faveur du peuple palestinien qui a valu à Stéphane Hessel, de nombreux appels à boycott de ses conférences de la part d’organisations françaises juives. Aujourd'hui même, le Crif s'indigne de la canonisation médiatique de Stéphane Hessel suite à son décès.