Leur nombre augmente au fil des jours. Eux, ce sont les Sahraouis, parfois des familles entières, venant des camps de Tindouf en Algérie, qui font quotidiennement la queue devant la porte du Consulat du Maroc à Nouadhibou en Mauritanie pour y déposer des demandes de retour au Maroc. Un kilomètre plus loin se situe l'aéroport international de Nouadhibou, pour revenir au pays après des décennies d'exil. Ou plus simple encore, prendre la route nationale 2 qui longe la frontière avec Lagouira, jusqu'à Guerguarate.
Mais avant d’atteindre la représentation diplomatique du Maroc en Mauritanie, ces Sahraouis ont dû emprunter des chemins difficiles, parfois périlleux, précise à Yabiladi un Sahraoui candidat au retour. En effet, faute d’une autorisation de l’armée algérienne et du Polisario, ils doivent fuir «clandestinement» et déjouer la vigilance des soldats algériens qui quadrillent les camps de Tindouf. Ils mettent le cap sur la Mauritanie en roulant jour et nuit à travers les pistes désertiques et routes ensablées.
Ces Sahraouis «optent pour le Maroc parce qu’ils ne supportent plus la vie dans les camps, ponctuée de blocus algériens, de pénuries de produits de première nécessité et le chaos sécuritaire. Ce sentiment de retourner au Sahara est partagé par de nombreuses personnes dans les camps», explique la même source.
Une enquête avant de regagner le Maroc
Néanmoins, l’arrivée sur le territoire mauritanien ne signifie pas pour autant la fin du périple pour ces Sahraouis, souvent démunis. «La réponse des autorités marocaines aux requêtes des Sahraouis prend du temps. Un retard qui les pousse parfois à regagner les camps de Tindouf», déplore notre contact.
En effet, les demandes sont soumises à un examen minutieux par le consulat du Royaume à Nouadhibou et les services de sécurité marocains. Une enquête qui porte essentiellement sur les origines et le passé des requérants. Pour rappel, au lendemain des événements tragiques du démantèlement du camp de fortune de Gdiem Izik à Laayoune, le 8 novembre 2010, marqué par l’assassinat de 11 membres des forces de l’ordre, les investigations portaient sur le passé politique et sécuritaire des demandeurs.
En effet, les camps de Tindouf n’accueillent pas seulement des familles originaires du Sahara occidental. Il y a aussi des Sahraouis algériens, dont certains occupant des postes de responsabilité au sein de l’appareil du Polisario, des Maliens de la région de l’Azawad et des Mauritaniens. Tous prétendent être Sahraouis pour bénéficier d'aides humanitaires octroyées par la communauté internationale. Une présence qui sert le Front afin de gonfler les chiffres des réfugiés dans les camps (160 000 selon le Polisario), et réclamer en conséquence davantage d’aide internationale.
Pour sa part, le royaume estime le nombre «de Marocains séquestrés dans les camps de Tindouf à 20 000 personnes». Un chiffre donné par le représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, lors de ses nombreuses passes d’armes avec les délégués de l’Algérie. L’ambassadeur avait, d’ailleurs, réaffirmé depuis la tribune de l’ONU la disposition du royaume à les accueillir «parce qu’ils sont des Marocains».