Au Parlement marocain, le président français a dit partager la vision du roi Mohammed VI en faveur du «dialogue» entre l’Europe et l’Afrique. Pour étayer sa conviction, Emmanuel Macron a puisé dans le discours du souverain, lors du sommet de l’Union africaine du 31 janvier 2017, marquant le retour du Maroc au sein de l’organisation continentale. «Il est beau le jour où l'on porte son cœur vers le foyer aimé. L'Afrique est mon continent et ma maison», a rappelé le chef d’État français au milieu d’une salve d’applaudissements des parlementaires.
Macron a plaidé pour «un partenariat euro-africain (…) Chacun sait, chacun voit aussi que le continent africain sera celui où une grande partie de notre futur se jouera», a-t-il précisé. Le président a reconnu que «les lunettes d'hier» pour regarder l’Afrique «sont dépassées, nous sommes engagés dans un renouveau de notre relation avec les peuples, avec les États».
Le royaume a un rôle capital dans la réalisation de lambition présidentielle d’ouvrir une nouvelle page avec les pays du continent. En effet, ces dernières années, la France a perdu du terrain au Sahel et en République centrafricaine au profit d’autres puissances internationales, notamment la Russie et la Chine.
Macron salue les initiatives royales au Sahel
Un espace où Rabat marque des points. Le président français est, d’ailleurs, conscient de cette donne. «Le Maroc, par sa géographie, par son histoire, par sa culture, par la vision de ses souverains, affirme depuis longtemps sa vocation de plateforme, de truchement, de chemin singulier (…) C'est pourquoi, je le crois profondément, nous avons ensemble à œuvrer, et je sais pouvoir m'inspirer de votre pays et de son action au Sahara et au Sahel», a-t-il indiqué.
«Nous avons besoin dans cette région d'une stabilité respectueuse des peuples, de projets de développement pour la jeunesse de celle-ci, qui seule permettra, non seulement la stabilité, mais de mettre fin aux routes des trafics et de la misère qui, du Golfe de Guinée à la Libye, sont ceux qui font souffrir le continent africain et le continent européen», a expliqué le chef d’État.
Et d’enchaîner en couvrant d’éloges les initiatives lancées par le roi Mohammed VI en faveur du Sahel, dont l’accès de ces États à l’Océan Atlantique. Un cadre qui a vu le jour le 23 décembre 2023 à Marrakech et depuis, les représentants du Maroc, Mali, Niger, Burkina Faso et le Tchad maintiennent régulièrement des réunions, dont la dernière s’est tenue en septembre à New York, au niveau des ministres des Affaires étrangères, en vue d’opérationnaliser le projet royal.
«Je compte donc beaucoup sur cette nouvelle stratégie où, ensemble, nous pourrons œuvrer dans cette région où la France, avec humilité, cherche à bâtir une stratégie partenariale nouvelle. Elle a été accusée par certains de tous les maux, bien injustement, car pendant une décennie, elle a évité l'effondrement de plusieurs États face au terrorisme à des califats territoriaux qui voulaient se créer». Une référence aux opérations de l’armée française, Serval et Barkhane au Mali, lancées de janvier 2013 à novembre 2022. La France a également permis une stabilisation du Tchad grâce à l’opération Épervier de 1986 à 2014.
«Ce nouveau partenariat, a-t-il plaidé, avec l'Afrique, par sa jeunesse, est celui que nous voulons construire ensemble, au Sahel et au Sahara, comme je l'évoquais, mais à travers tout le continent, par l'éducation, l'agriculture, les projets écologiques, le numérique et l'énergie. Il y a sur ces axes des actions communes que nous pouvons résolument ensemble construire, bâtir ces ponts énergétiques que j'évoquais, avoir une politique de souveraineté alimentaire».
Pour rappel, les militaires au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso ont déjà annoncé la rupture des accords de défense avec la France et chassé des unités de l’armée française installées dans leurs pays, et quitté le G5 Sahel.