Sans surprise, le Maroc a balayé d’un revers de main la partition du Sahara, proposée par Staffan de Mistura, le 16 octobre au Conseil de sécurité. «Effectivement, il avait présenté son idée lors de sa dernière visite au Maroc», a reconnu ce lundi à Rabat le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, dans des déclarations à la presse. Pour rappel, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental s’est rendu le 4 avril dernier au royaume.
«Le Maroc avait alors réitérée sa position claire exprimée, en 2002, sur instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, lorsque la même idée était portée par James Baker, sur une proposition de l’Algérie comme avait souligné le rapport l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan», a rappelé le chef de la diplomatie.
Bourita a qualifié l’option de la partition revisitée par De Mistura par «c’est du réchauffé. Et depuis 2002, sur ce sujet la position du royaume n’a pas changé. Comme a réaffirmé Sa Majesté, le Maroc ne négocie pas son Sahara et ne négocie pas sa souveraineté sur son Sahara et ne négocie pas son intégrité nationale. Le Maroc négocie un différend régional avec un pays voisin. Le Sahara, la souveraineté du Maroc et on intégrité territoriale n’ont jamais été sujets à des négociations ou feront l’objet d’arrangements», a-t-il précisé.
Le ministre est revenu sur la réunion du 4 avril 2024, pour révéler que la délégation marocaine avait rejeté l’offre de la partition, proposée par De Mistura. «Le Maroc n’accepte et n’acceptera même pas de l’écouter, parce qu’elle s’oppose diamétralement à la position de principe du Royaume du Maroc et de tous les Marocains, à savoir que le Sahara est marocain», a souligné Bourita.
Le plan d’autonomie à ses propres lignes rouges
Après avoir exprimé le rejet du Maroc de la partition du Sahara, le chef de la diplomatie a déclaré que De Mistura «aurait dû révéler la partie qui lui a soufflée cette idée et les parties qui l’ont encouragées à présenter son projet (…) qui est mort-né». Pour rappel, le Polisario a annoncé son rejet de l’option de la partition de la province, alors que l’Algérie observe encore le silence.
Le ministre des Affaires étrangères a enchainé par répondre à l’appel lancé par De Mistura aux autorités marocaines d’apporter des clarifications au plan d’autonomie au Sahara. Sur ce sujet, «la position du Maroc est claire. Elle est sous-tendue sur quatre points : L’initiative de l’autonomie est un point d’arrivée et non un point de départ ; cette initiative bénéficie d’un soutien continu sur les scènes internationale et européenne (…) par les inaugurations de consulats et par les positions de grandes puissances ; cette initiative à ses propres lignes rouges».
«Quand les autres parties manifesteront leurs dispositions à prendre part au processus, dont la seule base est l’autonomie, alors les points qui nécessitent d’être abordés en détail seront examinés. Et tant que les autres parties n’ont pas exprimé publiquement leurs adhésion à ce processus, il est encore prématuré de discuter» de l’appel de De Mistura, a-t-il expliqué
Dans son intervention du 16 octobre au Conseil de sécurité, Staffan de Mistura a noté que «le plan marocain en trois pages semble gagner du terrain au niveau bilatéral». Après ce constat, l’émissaire onusien a enchainé par soulever des interrogations. «Je pense que cela crée également une attente, peut-être même un droit, de mieux comprendre ce que ce plan implique. Un droit pour les personnes concernées de mieux comprendre ce qui est proposé. Un droit pour ce Conseil, le Secrétaire général des Nations Unies et moi-même d’évaluer les détails de la voie possible à suivre. Et même un droit pour les pays qui ont exprimé leur soutien à l’initiative de savoir ce qu’elle prévoit exactement».
«Il reste également à expliquer comment cette option, l’autonomie, permettrait l’exercice d’une forme d’autodétermination crédible et digne du peuple du Sahara occidental, et selon quels modalités», a-t-il déclaré dans un message adressé au Maroc.