Le procureur près le tribunal de première instance d’Azilal a ordonné la poursuite de deux personnes en détention, pour leur implication présumée dans le viol d’un mineur dans le douar Toufghine, dans la circonscription de Demnate. Il a également décidé de poursuivre deux autres individus en liberté, dont un agent d’autorité.
Membre du Réseau marocain pour les droits humains et la protection des deniers publics, Fatiha Chajri a déclaré à Yabiladi que le procureur avait inculpé le premier suspect en détention détournement de mineur et attentat à la pudeur sans violence. Le deuxième mis en cause détenu est poursuivi pour tentative de détournement de mineur et harcèlement répété par le biais de messages électroniques explicites.
Et d’ajouter qu’en coordination avec l’association Touche pas à mon enfant, l’ONG a engagé un avocat auprès du mineur âgé de 16 ans. Président de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Demnate, Mohamed Qaba nous a déclaré quant à lui que son organisation avait préalablement reçu une demande de soutien du père de la victime.
Il a confirmé que l’association allait saisir le procureur général près la cour d’appel de Beni Mellal contre trois personnes, à savoir le cheikh ainsi que les deux mis en cause en détention, pour «traite des êtres humains, attentat à la pudeur sur mineur et chantage, non-dénonciation d’un crime, médiation pour dissimuler un crime, signature d’un engagement par la force et usurpation d’identité».
Le militant indique que le mineur est «victime d’agression sexuelle, d’attentat à la pudeur et de trafic, de la part des prévenus, à deux reprises, la première remontant à l’Aïd al-Adha de l’année dernière et la seconde à avril dernier».
Des prédateurs encouragés par la non-dénonciation
Selon Mohamed Qaba, l’un des prévenus a déjà fait l’objet d’une poursuite pour attentat à la pudeur sur mineur au douar de Taklast à Ait Tamlil. L’associatif ajoute que le mis en cause a été pris en flagrant délit par l’oncle de la victime, il y a plus d’un an. Après les menaces du proches de porter plainte, le premier suspect est intervenu en tant qu’agent d’autorité (cheikh) pour convaincre la mère de la victime d’abandonner les poursuites et de parvenir à un règlement à l’amiable.
L’accusé, à qui les faits reprochés remontent à l’Aïd al-Adha de l’année dernière, est parvenu à une «réconciliation» avec le père de la victime «en payant la somme de 10 000 dirhams et en quittant le village pendant un an».
Pour Mohamed Qaba, «le fait que ce crime n’ait pas été signalé à temps, que ce soit par les parents de l’enfant ou par l’un des proches, a encouragé des monstres humains aux tendances déviantes à harceler le mineur et à exploiter sa situation de vulnérabilité pour violer son honneur à plusieurs reprises, après cet antécédent».
En vérifiant la messagerie instantanée sur le téléphone de son fils, en avril dernier, c’est la mère de la victime qui découvert cette fois-ci des notes vocales envoyés depuis l’appareil du troisième mis en cause. «Il s’agissait d’un contenu explicite, à travers lequel le mineur a été invité à reproduire des actes sexuels comme cela s’est fait à des occasions précédentes», selon la plainte, dont une copie a été consultée par Yabiladi.
C’est alors que la mère a décidé de porter plainte et d’obtenir un certificat médical à son fils. Cependant, l’agent d’autorité est intervenu à nouveau pour la dissuader, en lui promettant d’intervenir auprès du troisième prévenu pour obtenir une indemnisation appropriée, comme cela s’est précédemment produit avec le second. Il a également promis de faire «signer au concerné un engagement légalisé, attestant qu’il quitterait le douar pendant deux années».
«Au lieu de cela, l’agent a tenté d’impliquer deux autres personnes de ses opposants qui n’avaient rien à voir avec les faits. Il a donné leurs noms à la victime en faisant publier un enregistrement audio les accusant. Le troisième mis en cause a payé 10 000 DH et a signé un engagement à quitter le douar pendant deux ans. Le cheikh a remis 7 000 DH au père de la victime et a gardé le reste.»
La victime exposée à la manipulation pour couvrir ses bourreaux
Dans sa plainte, l’association exige une expertise médicale sur la victime, ainsi qu’une expertise technique sur les téléphones des mis en cause et sur celui du mineur, afin de vérifier les numéros qui l’ont contacté et identifier tous les mis en cause dans l’affaire.
La section locale de l’AMDH a par ailleurs requis des mesures garantissant que l’accusé ne pourra plus être en contact avec la victime mineure, de manière à ne pas lui faire dire des déclarations spécifiques, comme cela s’est déjà produit. Le procès devrait s’ouvrir le 26 août.
Outre ce dossier, Mohamed Qaba a fait savoir que son ONG avait reçu la plainte d’une habitante du douar Boughrart, commune d’Imlil, concernant le viol répété de sa fille collégienne âgée de 13 ans et mettant en cause un adulte.